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Nigeria : trois défis immédiats pour le président Muhammadu Buhari

  Politique, #

Elu dans une ferveur populaire souvent soulignée dans les reportages mais totalement démentie par les chiffres (Muhammadu Buhari a été élu avec les voix de 43 % des votants, 23 % des inscrits et seulement 16,9 % des citoyens en âge de voter), le nouveau président du Nigeria doit aujourd'hui faire face à de multiples dossiers aussi urgents les uns que les autres.

    La priorité des priorités : Boko Haram

Première décision contenue dans le discours d'investiture de Muhammadu Buhari, le 29 mai, le commandement de l'armée nigériane sera déplacé d'Abuja à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, épicentre des actions de Boko Haram.

Le président, ancien général en retraite, veut ainsi montrer par ce symbole qu'il prend au sérieux la menace avec une nouvelle stratégie. Autre symbole fort de rupture avec la précédente présidence, ses premiers déplacements comme président élu ont été réservés au Niger et au Tchad.

 

Muhammadu Buhari, chef d'une fédération nigériane dont l'armée n'a pas brillé durant le mandat du président Goodluck Jonathan, est parfaitement conscient que l'efficacité de la lutte contre Boko Haram passe par l'entente avec les Etats voisins, enjeu trop longtemps évacué lors du précédent mandat.

Cette relation devra également s'apaiser avec l'ennemi d'hier, le Cameroun, pays dont Buhari devrait rencontrer son président Paul Biya d'ici la fin du mois de juin ou début juillet. L'arrivée d'un nouveau chef d'Etat au Nigeria n'a pas fait cesser les tueries au nord, et les premiers attentats à N'Djamena le 15 juin, rendent encore plus nécessaires une coopération militaire régionale dont la coordination est pilotée depuis le Tchad par la Multinational Joint Task Force (8 700 hommes venant des quatre pays touchés par Boko Haram).

    L'urgente réforme du secteur pétrolier

Si la part de l'industrie - dont le secteur pétrolier représente la quasi-totalité - diminue dans la richesse globale du Nigeria (24 % du produit national brut en 2014), il n'en demeure pas moins que les revenus tirés des hydrocarbures alimentent plus de la moitié - 53 % - des recettes budgétaires. Or, le secteur pétrolier vit une grave crise, la production diminue avec une moyenne de 2,2 millions de barils par jour (b/j) en 2014 alors que le quota Opep du pays est de 2,4 millions (b/j).

 

Cette baisse s'explique notamment par la contraction des investissements. Les majors sont attentistes car elles guettent la mise en application d'un nouveau cadre juridique (Petroleum Industry Bill), en discussion depuis 2007. De plus, leurs activités sont touchées par l'insécurité des installations : vols de pétrole (représentant plusieurs centaines de milliers de barils par jour) et reprise des vandalismes. Enfin, la vente de dizaines de permis pétroliers par les majors à des sociétés locales laisse planer un doute sur leur capacité à investir de façon significative, alors même que le cours du baril est deux fois moins élevé qu'il y a un an.

    La nécessaire main tendue avec la région du delta du Niger

Muhammadu Buhari a été confortablement élu dans le nord du pays avec des scores oscillant entre 80 et 90 % des votants dans certains Etats comme Kano, Kaduna, Katsina ou même Borno. Cependant, sa grande faiblesse réside dans les résultats qu'il a obtenus dans la région du delta du Niger (sud-est) où sa coalition (All Progressives Congress) a rarement dépassé les 10 %. Il sera donc nécessaire de tendre rapidement la main aux leaders locaux et engager des discussions avec les militants qui ont enflammé la région de 2006 et 2009, années pendant lesquelles la production pétrolière a certains jour été divisée par quatre.

 

S'il peut compter sur certains hommes forts de cette région, comme Rotimi Amaechi et Timipre Sylva (anciens gouverneurs de Rivers et Bayelsa), il faudra rapidement trouver de nouveaux mécanismes pour tempérer les velléités de violence de certains mouvements et communautés qui lui sont ouvertement hostiles. Cela d'autant plus que l'amnistie qui permet depuis 2009 à 26 000 militants du Movement of the Emancipation of the Niger Delta (MEND) d'obtenir un revenu chaque mois et une formation en échange de l'arrêt du vandalisme des installations pétrolières sera stoppée en décembre. Cette dernière mesure est l'autre des annonces majeures du discours d'investiture du président Muhammadu Buhari le 29 mai.

Benjamin Augé est chercheur associé aux programmes Afrique et Energie de l'Institut français des relations internationales (Ifri)



Source : www.lemonde.fr


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