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Olivier Lucenay , le prêtre martiniquais qui fait le buzz !

  Société, #

Il est depuis quelques mois le plus jeune prêtre du Diocèse de la Martinique. Olivier Lucenay 32 ans a choisi de s'investir dans cette mission. Après des années de cheminement, il a trouvé sa voie et fait aujourdh'ui le "buzz" sur le net dans la vidéo ci -dessous,avec sa façon bien à lui de prêcher . 

EenM  : Olivier, peux-tu nous parler de toi, de ton parcours ?

Je suis originaire du Robert où j’ai passé toute ma vie, jusqu’à mon départ pour le séminaire. Né à Fort-de-France le 20 novembre 1982, je suis le dernier d’une fratrie de 3 enfants.

J’ai 2 grandes sœurs. Très tôt, mon père m’a initié à la musique (particulièrement le tambour), et le sport en club (j’ai fait du foot dès l’âge de 6 ans à l’US Robert, puis du basket à l’Arsenal à partir de 13 ans et ce pendant plus de 10 ans).

Nos parents nous ont élevés dans l’amour de notre culture, ce qui a fait de moi un amoureux de notre Martinique, de notre histoire, notre peuple. Ayant toujours vécu en cité, j’ai cependant acquis un cœur de campagnard, du fait de longues périodes de vacances en famille à la campagne. D’où mon goût prononcé pour la nature, les animaux, le silence.

Enfant au caractère volcanique, la discipline n’était pas mon fort. Préférant m’amuser avec les copains et fixer mes propres règles, j’ai souvent été en conflit avec l’autorité en place, à l’école, au sport ou au catéchisme. D’ailleurs, en parlant de catéchisme, pour être honnête, l’une de mes plus grandes joies fut d’avoir atteint la confirmation afin d’être « enfin » libéré de ce qui pour moi était une contrainte et une perte de temps. Avec le temps, j’ai réalisé que je m’étais évidemment trompé.

Grâce à l’attention de ma mère concernant notre instruction, j’ai eu une bonne scolarité malgré mon tempérament. J’ai obtenu un bac Economique et Social au lycée Frantz Fanon de Trinité en 2000, puis un BTS informatique de Gestion au lycée Technique de Fort-de-France en 2002. J’ai travaillé dans le milieu de la grande distribution en tant que technicien réseau, de décembre 2002 à juillet 2007, deux mois avant mon départ en année de fondation spirituelle en Belgique. J’y reviendrai.

Avec les années et ma rencontre avec le Christ, je constate avec joie à quel point le Seigneur se sert de mon caractère et mes particularités pour le servir à la vigne. Je crois que mon caractère volcanique et impétueux s’est transformé en une fougue, que je dois d’ailleurs parfois apprendre à canaliser, pour annoncer l’Evangile. Très tôt après ma conversion, j’ai rejoint le comité diocésain de la pastorale des jeunes aux côtés du père Marcel Crépin, ainsi que l’équipe de Radio St Louis en tant qu’animateur.

Evangéliser devenait pour moi de plus en plus évident, voire vital ! Cependant, donner c’est bien, mais recevoir du Christ est essentiel afin de ne pas s’assécher. C’est pourquoi, afin de ne pas « m’user » à la tâche, le Seigneur m’a conduit dès le début de mon cheminement dans des lieux où je pouvais me ressourcer, approfondir ma vie spirituelle, et m’enraciner dans le Christ, dans son Eglise. Après avoir été nourri par un groupe de prière de jeunes de ma paroisse, « les Sarments », à qui je dois énormément, j’ai rencontré la Communauté « Vie et Partage » que je porte particulièrement dans mon cœur. En 2003, j’ai découvert la communauté de l’Emmanuel dans laquelle je me suis engagé en 2005. J’ai trouvé dans sa spiritualité du Cœur de Jésus et ses trois piliers fondateurs (adoration, compassion, évangélisation) un écho à ce qui m’habitait. J’y ai discerné le lieu où le Seigneur me voulait pour grandir en sainteté.

 

EenM : Quand et comment ta vocation de prêtre est-elle apparue ?

Mon histoire vocationnelle fut au départ une lutte entêtée contre Dieu.
Il faut remonter en 2005. Après une confession, alors que j’étais en prière, une question s’est imposée à moi et s’est gravée dans mon cœur : « prêtre, pourquoi pas toi ? ».

Je ne m’étais jamais posé la question car je voulais me marier. J’en ai parlé à mon père spirituel de l’époque, le père Catayée, qui m’a conseillé de ne pas me précipiter ; il m’a dit une phrase qui s’est vérifiée par la suite : si c’est Dieu qui t’appelle, il saura te montrer que c’est Lui. J’ai rapidement dit au Seigneur que cela ne m’intéressait pas vu que j’avais déjà mon travail et des projets avec ma petite amie de l’époque. Donc, j’ai continué à avancer avec cette dernière en promettant au Seigneur qu’on formerait un couple marié au service de l’Eglise. Mais en fait, plus j’avançais, plus je ressentais que je n’étais pas à ma place. Alors que j’avais tout, me semblait-il, je ressentais un manque que je ne savais pas interpréter.,

Deux ans après (en 2007), une sœur de ma communauté à qui je confiais mes hésitations, m’a conseillé d’aller discerner par le biais d’une retraite de Saint Ignace de Loyola. En avril 2007, mon père spirituel m’a alors encouragé à m’y rendre. Et c’est bien là que le Seigneur m’a confirmé l’appel.
Quand je suis revenu de l’hexagone en mai 2007, mon père spirituel m’a conseillé de soumettre mon projet à Mgr Méranville. Ce dernier ayant reçu favorablement mon désir d’être prêtre, m’a permis de partir en septembre 2007, en Belgique pour une année de fondation spirituelle à la Maison St Joseph au sein de ma communauté. Cela c’est passé très vite mais sans précipitation, puisque c’était le moment favorable, le temps de Dieu. En septembre 2008 j’ai intégré le séminaire diocésain de Paris, où j’ai passé 6 ans de formation. Aujourd’hui, je peux dire que le manque que je ressentais à l’époque, était un désir que Dieu avait déposé dans mon cœur afin de lui être totalement consacré pour la mission. Maintenant ce manque est vraiment comblé.

 

EenM : Comment vis-tu ta foi ?

Ma source est l’adoration Eucharistique. J’y puise ma force et la raison même de mon célibat. Ce cœur à cœur régulier avec le Seigneur dans le silence de l’adoration me fait entrer toujours plus dans le Mystère de notre Salut où le Christ m’introduit dans l’échange d’amour vécu au cœur de la Sainte Trinité. Je tente de me laisser façonner par l’Esprit Saint à l’image du Christ bon Berger. L’adoration fait partie des trois piliers de la communauté de l’Emmanuel : adoration, compassion et évangélisation. C’est dans l’adoration que nous nous reposons sur le cœur de Jésus.


Pierre Goursat, notre fondateur, disait à ce propos, qu’en adorant Jésus, Il nous donne son cœur. Il transforme alors notre regard sur le monde et fait naître en nous une véritable compassion pour le monde qui souffre de ne pas le connaître. De cette compassion nait le désir d’évangéliser pour aller annoncer aux âmes la bonne nouvelle de notre Salut. Aujourd’hui mon ministère de diacre est enraciné dans l’adoration eucharistique, et je souhaite demeurer un adorateur en tant que prêtre. C’est là que je trouve un équilibre entre les activités et la contemplation. En effet, la source de la mission se trouve dans le silence de la prière. Autrement, cela s’appelle de l’activisme et ne sert pas l’Evangile.

Maman Marie également m’aide énormément. Elle a une place capitale dans ma vie. Elle me protège, m’enseigne à devenir un disciple de son fils. Elle m’apprend l’humilité, la confiance en Dieu et la docilité à l’Esprit Saint. Lors d’un récent pèlerinage à Medjugorje, j’ai redécouvert la place capitale qu’elle a dans le plan de notre Salut. Je ne quitte jamais mon chapelet qui est cette belle chaîne d’amour qui m’unit toujours plus à elle et Jésus.

Il y a aussi les saints … Je vis avec eux et ils m’apprennent beaucoup. Mes saints préférés : Thérèse de Lisieux, Curé d‘Ars, Marie Madeleine, Oliver Plunket mon saint patron. Tout cet univers des saints m’aide à vivre la communion avec mes frères dans l’Eglise, comme plusieurs membres d’un seul corps qui œuvrent ensemble pour la même mission. A l’Emmanuel, nous sommes très sensibles à la fraternité également dans la complémentarité des états de vie. Le prêtre, en tant que pasteur, est également un frère au milieu des laïcs. Il nous est inimaginable de vivre la mission sans nos frères et sœurs laïcs, en prenant au sérieux les grâces de leur baptême. C’est un point constitutif de notre spiritualité qui se vérifie dans nos choix pastoraux.

 

EenM : As-tu déjà réfléchi à différentes actions que tu aimerais mettre en place pour la communauté, les jeunes ?

S’il faut parler de projets, j’en ai tout plein en tête. Mais on peut se perdre avec plein de projets, même pour Dieu. C’est pourquoi mon objectif premier est de m’enraciner en Christ, et devenir le prêtre que Dieu veut que je sois. C’est comme ça qu’il me donnera les directions que je devrai prendre en lien avec mes confrères et le peuple de Dieu.

Autrement, j’ai le désir de servir notre Eglise là où elle en a besoin. Les réalités se rapportant à la famille me parlent beaucoup. La famille est le lieu privilégié où le Seigneur manifeste son plan d’amour. Le diable se déchaine donc sur elle. La plupart des combats que mènent les jeunes (ou moins jeunes d’ailleurs) sont souvent en lien avec le corps, l’amour, la sexualité. Je souhaite creuser la Théologie du corps de Jean-Paul II. Il a ouvert des brèches énormes, pour l’Eglise, qu’on découvre peu à peu depuis quelques années. Je pense qu’il y a là des clés intéressantes pour nos maux.

Concernant les jeunes, il y a quelque chose qui m’insupporte quand on parle d’eux. C’est la généralisation : « les jeunes ceci… les jeunes cela ». Aucun jeune ne se ressemble. Chacun d’eux est unique ! Il y a quelque chose que j’ai compris chez eux, c’est qu’ils ont soif d’absolu et c’est pourquoi ils se perdent dans tout plein de chose, car ce désir est mal orienté. Je leur fais confiance et je veux leur prouver qu’ils peuvent être heureux en Dieu et « ouvrir leurs ailes ». Durant ma formation je me suis occupé de jeunes de cités à Paris qui avaient souvent des « bobos » de la vie (familiale, scolaire etc.) Je leur disais qu’ils étaient des diamants à l’état brut et mon travail était de les aider à se laisser tailler par Dieu pour qu’ils puissent resplendir. Ce n’est pas moi qui dois faire à leur place, mais je suis là pour les accompagner, les « booster ». Et c’est ce que nous devons être pour eux : des tuteurs.

Cependant, être proche des jeunes comme je le suis, ne veut pas dire que je cherche à faire du « copinage ». Trouver la bonne distance est important. Beaucoup l’ont compris et me considèrent comme un grand frère et non comme un copain. Ils sont en confiance avec moi et savent qu’ils peuvent aborder tous les sujets sans tabou, mais ils connaissent les limites à ne pas dépasser dans la relation. Je côtoie aussi beaucoup de non croyants de tous bords. Je suis à l’aise avec eux, sans pour autant perdre mes objectifs, perdre ce que je suis.

 

EenM : Penses-tu que tu peux encourager un jeune à trouver sa vocation ?

La vocation est un appel de Dieu. Ce n’est pas un plan de carrière. On peut aider un jeune à discerner un appel de Dieu dans sa vie. Donc oui, c’est important pour moi. Il est important que le jeune se retrouve dans la figure du prêtre, ou du moins qu’il comprenne que le prêtre n’est pas un extra-terrestre, mais un homme normal et équilibré. Ils sont d’abord surpris quand ils découvrent que je suis sportif, passionné des réseaux sociaux, que je chante du reggae dancehall gospel pour évangéliser. Bref que je ne suis pas enfermé dans mon presbytère déconnecté du monde, mais que je suis un jeune normal avec une vie particulière. Du coup, un jeune peut alors se dire que Dieu appelle des gens normaux et non uniquement des hommes naissant avec des prédispositions dès leur naissance et un mode de vie particulier en grandissant. Parce que certains se disent qu’ils ne pourront jamais embrasser cette vie, car ils n’ont pas eu une vie centrée sur le Christ, qu’ils ne sont pas dignes. Ils s’interdisent alors de répondre à l’appel. Le Seigneur appelle des hommes à être prêtres avec ce qu’ils sont !

 

EenM : Et le célibat des prêtres ?

C’est vrai que c’est une displicine pour l’Eglise d’Occident et qu’en Orient les prêtres catholiques peuvent être mariés avant leur ordination. Mais quand on rentre au séminaire, on a largement le temps d’y réfléchir. J’ai fait ce choix et je suis un célibataire heureux. C’est une grande joie d’être tout à Dieu pour être tout à tous. Beaucoup de personnes se plaignent pour les prêtres et souhaiteraient les marier alors que souvent elles-mêmes, paradoxalement, ne croient pas au mariage ou ne sont même pas catholiques. Mais on ne parle jamais des prêtres qui sont heureux dans leur célibat. J’en ai rencontré énormément, Dieu merci ! Le Pape François parle de la fécondité du célibat. On n’a pas de vie de famille, c’est vrai. Ce n’est pas toujours facile, je vous l’accorde. Mais c’est une grâce reçue de Dieu qu’il faut cultiver, et nous sommes récompensés au centuple, ne serait-ce que quand on voit une âme se tourner vers Dieu. Notre don total prend alors tout son sens. Ce qui nous comble, notre nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui nous a envoyés, comme disait Jésus à ses disciples. Je sais aussi pouvoir compter sur la prière de mes confrères prêtres, de mes amis, de ma famille…

 

EenM : As-tu un message à transmettre aux jeunes qui, dans ce monde tumultueux, s’interrogent sur leur vocation ?

Une phrase légendaire de Jean-Paul II reprise par Benoît XVI : N’ayez pas peur du Christ, il ne retire rien, il donne tout. N’ayez pas peur de vous convertir, de donner votre vie à Jésus. Il n’y a pas d’âge. Moins on attend pour donner sa vie à Jésus, plus on évite les pièges de l’ennemi de nos âmes et plus on est préservés et heureux. Ayez confiance en l’amour de Dieu. Si vous savez que Dieu vous aime, vous pouvez lui demander avec confiance : « où veux-tu que je sois ? » Et quel que soit l’endroit où Jésus vous veut, si vous dites « oui », vous serez comblés !

martinique.catholique.fr


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