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Parce que l'Afrique vaut plus qu'un simple rapport

  Société, #

L'Afrique aujourd'hui est face à son plus grand défi: celui de son développement. La conjoncture mondiale est telle qu'aujourd'hui, cet enjeu n'est plus celui de ce seul continent, mais dans une mesure plus large, celui de toute la planète. En effet, du modèle de développement que choisira le continent dépendra le futur, puisqu'avec la destruction de la forêt amazonienne, la forêt du Congo, par exemple, se retrouve dans la position de poumon vert de notre terre.

 

Peut-être, plus que les autres, des ONG comme Greenpeace, par leur objet, ont mieux cerné ces enjeux. Aussi adoptent-t-elles une posture de chien de garde de l'environnement. Cependant, ce militantisme, qui est d'ordinaire tout à leur honneur, peut parfois se retourner contre elles, et aussi les causes et les personnes qu'elles pensent servir. La publication du rapport "Menace sur les forêts africaines" est l'un de ces cas. Dans ce travail, l'organisation attire l'attention sur le danger que fait planer l'expansion du groupe Socfin sur les forêts africaines. Elle reproche entre autres à Socfin et à Vincent Bolloré (qui y détient une participation minoritaire) de ne pas emboîter le pas à d'autres producteurs d'huile de palme en adoptant sa version à elle de la norme "Zéro déforestation". J'estime que l'exigence de vérité et d'objectivité, sans lesquelles aucun débat ne serait possible, fait obligation d'adopter une posture plus nuancée que celle adoptée par Greenpeace sur ce dossier.

En effet, il faut partir d'un constat simple. L'huile de palme est l'un des composants essentiels de l'alimentation de base de l'Africain. Cependant, le continent ne produit pas suffisamment de cette huile pour satisfaire sa consommation interne. Aussi, doit-il souvent se retourner vers le marché extérieur pour combler le déficit. Ainsi, bien qu'ayant enregistré 1 milliard de dollars des investissements réalisés dans le secteur de l'huile de palme entre 2011 et 2014, la production d'huile de palme reste largement déficitaire dans un pays comme le Nigéria qui doit importer chaque année 600 000 tonnes d'huile de palme.

Aujourd'hui, la question de la production de l'huile de palme est un enjeu majeur, un enjeu de souveraineté et de sécurité alimentaire. Or, comme le rappelait Akinwumi Adesina, "la première sécurité est la sécurité du ventre".

L'autre problème, c'est qu'à force de vouloir dénoncer, on finit par tomber dans la caricature. Wilmar, Olam, et d'autres sont décrites comme de grosses multinationales sans âmes dépouillant les populations de leurs terres, ravageant les forêts et privant les espèces animales de leurs habitats, les condamnant à l'extinction. Loin de ce cliché, une fois encore, la réalité est plus nuancée. Dans bien des régions, ces firmes, accompagnent l'Etat dans la construction d'infrastructures dans le cadre de leurs engagements en matière de RSE, quand elles ne se substituent pas à lui. Elles offrent du travail et un revenu dans des régions parfois oubliées des autorités locales. Le travailleur de Wilmar ou de Socfin est cet homme qui, grâce à son labeur, peut soigner son fils ou sa fille, et épargner toute sa vie pour les envoyer à l'université. Le planteur de palmier à huile, c'est aussi cet homme qui rêve de léguer une plantation à ses descendants.

Greenpeace défend les intérêts de populations qui auraient été spoliées par la Socfin. Si ce combat paraît juste et noble, je tiens à rappeler à nos amis que, sans être un expert en négociation, la vie m'aura au moins appris une vérité première dans cette matière: la diabolisation du camp d'en face n'a jamais été une bonne technique de négociation. Elle ne le pousse qu'à se renfermer et à camper sur ses positions.

En ce qui concerne la préservation de l'environnement, qui constitue l'objet principal du rapport, c'est un combat auquel je souscris totalement. Mais l'exigence de vérité m'oblige, là encore, à faire preuve de nuance. La marche civilisatrice de l'humanité n'a été à chaque pas que le fruit d'arbitrages. Pour construire une maison, on abat des arbres. Devrions-nous préserver tous les arbres que nous vivrions encore peut-être dans les cavernes. L'Afrique, comme tous les autres continents doit faire ces arbitrages pour progresser. Arguer des ravages causés jusque-là par les besoins humains et la situation critique de la planète pour l'empêcher de faire ces arbitrages reviendrait à lui faire porter le poids des erreurs des autres. Si cette politique 'Zéro déforestation' semble un outil assez innovant, en ce qui concerne la préservation de notre patrimoine collectif, je pense cependant qu'il faut se demander au préalable, quel usage est actuellement fait des autres outils déjà en vigueur et quel est leur degré d'efficacité ? Quid de la RSPO, et des autres normes ? Quel a été leur impact véritable, et que faut-il corriger ? Ces normes qui ont été édictées par les ONG et les multinationales, en quoi sont-elles aujourd'hui défaillantes ? Si des réponses claires et concrètes à ces questions ne sont pas apportées à l'opinion, le combat de Greenpeace en ce qui concerne sa politique 'Zéro déforestation' semblera une lutte pour imposer le dernier joujou écolo-juridique produit par ces organisations. En outre, le combat contre la déforestation est un combat global qui doit prendre en compte des pans comme la culture itinérante sur brûlis ou la production artisanale de bois de chauffe, qui n'ont aucun rapport avec la culture à grande échelle de palmiers à huile ou d'hévéas.

Résumer la lutte contre la déforestation à une ultra-règlementation de ces cultures débouche sur des biais cognitifs comme ceux émis par Ségolène Royal dans le Petit Journal de Canal+ l'année dernière quand elle affirmait "C'est l'huile de palme qui a remplacé les arbres, et donc c'est des dégâts considérables". Je pense en mon âme et conscience que l'Afrique mérite mieux que cela, que le monde mérite mieux que cela.



Source : Le Huffington Post


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