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Paris : ils font tourner les salons afro de Château d'eau

  Business, #

Impossible de les rater lorsqu'on passe devant le métro, boulevard de Strasbourg (Paris Xe). Les rabatteurs des salons de coiffure sont les héros de " La vie de château ", qui sort en salles ce mercredi.


Impossible de les rater lorsqu'on passe devant le métro Château d'eau, boulevard de Strasbourg (Paris X e). Présents par dizaines du lundi au samedi, les " rabatteurs " des salons de coiffure hèlent les passants - principalement les femmes noires - pour les attirer dans les salons afro du quartier. Ces petites mains sont les héros de " La vie de château ", comédie réjouissante de Modi Barry et Cédric Ido qui sort en salles ce mercredi.


A travers les aventures fictives de Charles, chef charismatique d'un groupe de rabatteurs, les réalisateurs nous plongent avec réalisme dans ce business capillaire. Ils nous font découvrir comment les rabatteurs se partagent les trottoirs et sorties de métro, les relations entre les coiffeurs et les rabatteurs ou encore les différences de prix entre les mèches indiennes et chinoises. A l'occasion de la sortie de " La vie de château ", nous avons rencontré quatre piliers des salons afros de Château d'eau.

" La vie de château "***, comédie de Modi Barry et Cédric Ido. Avec Jacky Ido, Tatiana Rojo, Gilles Cohen... 1 h 17.
Cekou, 34 ans, gérant d'un salon de coiffure

Son téléphone sonne toutes les trois minutes. Depuis quatre ans, Cekou est le patron du salon Emmy Joy, boulevard de Strasbourg. Il gère donc six coiffeurs et des dizaines de clientes par jour, ainsi qu'une page Facebook qui compte 25 000 amis. " C'est comme ça que j'ai fidélisé ma clientèle ", se félicite ce père de sept enfants originaire de Côte d'Ivoire. Cekou travaille à Château d'eau depuis 17 ans. " J'ai commencé comme rabatteur pour les salons, raconte-t-il. J'étais encore à l'école, où je m'ennuyais beaucoup. De passage ici, j'ai croisé des Ivoiriens et comme j'avais la tchatche, je me suis lancé dans le racolage. J'étais le plus jeune donc j'étais le chouchou des clientes, je leur faisais de la peine ! ".

 

Cekou Sidi, 31 ans, rabatteur

De ces treize années passées à héler les femmes à la sortie du métro, Cekou se souvient de " journées très fatigantes ". " Il faut savoir vendre son produit et user de galanterie un peu appuyée, mais pas trop lourde ", sourit-il. En 2013, donc, Cekou a racheté le fonds de commerce du salon Emmy Joy. " Le plafond date de 1761 et les lustres du Queen Mary 2 ", précise-t-il fièrement. C'est dans cette boutique qu'ont été tournées de nombreuses scènes de " La vie de château ". " J'étais fier qu'on parle de l'histoire du quartier alors j'ai accepté que le film se fasse ici ", explique le " boss ".

 


Du lundi au samedi, depuis trois ans, Sidi alpague les femmes qui sortent du métro Château d'eau. " Je suis arrivé de Côte d'Ivoire en 2014 pour m'installer à Gentilly (Val-de-Marne), raconte-t-il. Comme je n'avais pas de papiers, je ne pouvais pas chercher d'emploi. C'est par des amis rabatteurs que je suis arrivé ici. " Sidi travaille de 8 heures à 20 heures, " même sous la pluie ". " L'important, c'est de bien parler aux femmes, souligne-t-il. Certaines répondent avec le sourire, d'autres sont agressives ou t'insultent. Mais il ne faut jamais se fâcher... ". Avec les autres rabatteurs aussi, les relations peuvent être tendues. " Ce sont des frères, mais également des concurrents, note Sidi. C'est pour cela que des règles fixent les bouts de rue et les horaires où chacun peut rabattre. "

Sidi Jessica, 32 ans, cliente

Pour le jeune homme, qui vit désormais à Massy-Palaiseau (Essonne), une " bonne journée " est une journée où il ramène " cinq à six clientes " dans son salon. Mais en moyenne, Sidi ne gagne que 500 € par mois (il touche quelques euros par cliente). C'est pour cela qu'il espère que le film " La vie de château " montrera " que la situation des Africains en Europe est meilleure qu'en Afrique, mais pas facile comme on se l'imagine avant de venir ".

 

Elle vit à Colombes (Hauts-de-Seine), mais pour se faire coiffer, Jessica vient toujours à Château d'eau. " Avant, j'avais une coiffeuse à domicile, explique cette jolie commerciale et entrepreneure. Mais on m'a parlé des salons de Château d'eau et en les testant, je me suis aperçue que les coiffeuses étaient excellentes et hyper professionnelles. " Une bonne coiffeuse, selon Jessica, c'est " quelqu'un qui prend le temps d'écouter ce qu'on veut et qui fait attention à la forme du visage ".

Jessica Binta, 35 ans, coiffeuse

" En banlieue, il y a des coiffeuses afro, mais elles sont beaucoup moins expertes qu'ici, poursuit la jeune femme. Et les tresses ou les mèches qu'une coiffeuse en banlieue va faire en trois heures, ici, on va me les faire en une heure. " Jessica assure ne pas se fier aux rabatteurs, mais plutôt au bouche-à-oreille. Et sur la page Facebook du salon qu'elle fréquente depuis trois mois, elle suit " les nouveaux arrivages de mèches ". Le soin qu'elle apporte à ses cheveux a un coût : Jessica dépense en moyenne pour sa coiffure " 200 € toutes les trois semaines ".

 

Binta

Au Sénégal où elle est née, Binta tenait un salon de coiffure. Alors quand elle est arrivée en France il y a cinq ans, c'est tout naturellement qu'une de ses cousines, qui travaillait à Château d'eau, lui a parlé du quartier. Elle m'a dit Je connais un bon salon alors je m'y suis présentée et j'ai été embauchée ", raconte Binta, qui habite en Seine-Saint-Denis. En semaine, la jeune femme coiffe " quatre ou cinq personnes par jour ". " Cela peut monter jusqu'à onze têtes le samedi, précise-t-elle. C'est intense. " Pour Binta, une bonne coiffeuse doit être " rapide " et " agréable avec la cliente ". " Sur 100 femmes qu'on coiffe dans mon salon, 95 reviennent ", jure-t-elle.

 

Catherine Balle leparisien.fr



Source : leparisien.fr


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