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Pour Akpass, l'inspiration vient de l'exil

  Culture & Loisirs, #

Ses textes parlent de déracinement, d'arrachement. Alain Kasanda dit Apkass a quitté Kinshasa pour la France en 1991, à l'âge de 11 ans. Dans son exil, l'artiste puise son inspiration. C'est de ce " voyage " qu'est née sa vocation artistique.

Mais il arrive que la nuit tombe à l'improviste, titre de son livre-disque, illustré par Bruce Clarke, propose des textes militants et des arrangements foisonnants signés Jr Eakee et Florent Dupuit. Financé par une campagne de crowdfunding, il est le fruit de six ans de labeur.

La fiction, qui bruisse d'éléments sonores conceptualisés par Jérémi Nureni Banafunzi et Benoît Thuault, nous emmène entre Paris, symbole d'une histoire coloniale pas tout à fait digérée, et " Kin la belle ". " Je l'ai pensé comme un film avec des images qui ne sont pas projetées mais mentales ", explique Apkass. Cinéphile, ancien programmateur d'un cinéma d'art et d'essai à Sevran, il revendique un corpus qui va de Chris Marker à Thierry Michel, réalisateur belge connu pour son regard à la fois sans concession et plein de tendresse pour l'ex-Zaïre.

" L'Afrique est une femme noire "

Le cheminement personnel d'Apkass apparaît en filigrane à travers le prisme de trois jours de la vie de Jean Tshisuaka, un jeune Congolais qui cherche sa place malgré une " double absence ", selon le concept énoncé par le sociologue Abdelmalek Sayad : " Il a travaillé sur les migrants algériens, mais si on remplace l'Algérie par le Congo c'est pareil ! Il y a l'absence de tout ce qui lie les immigrés à leurs origines mais aussi le fait qu'ils soient coupés de la société française. "

Avec le texte Un naufragé, Apkass montre l'envers de la carte postale parisienne : " Sur le pont Neuf, Jean Tshisuaka est fasciné par la beauté de Paris. Cette magnificence participe à la violence coloniale symbolique qu'elle lui inflige. Derrière les dorures, il y a la chienlit ! "

Le parcours d'Apkass est celui d'un étudiant en communication en France, épris du hip hop de Public Enemy autant que de la rumba congolaise de Tabu Ley Rochereau, qui découvre le slam et la poésie. S'ensuit un premier album en 2008 : En marchant vers le soleil, en forme de cri d'amour pour le continent qui l'a vu naître. Dans Afrique, inspiré du poète David Diop, il dit : " L'Afrique est une femme noire. Ses hanches souples ont enfanté un peuple au visage multiple nourri en son sein. "

" Kinshasa est en moi... "

Bien qu'exilé et interdit de séjour en RDC pendant des années, en raison du statut de réfugiés politiques de ses parents, Apkass n'a jamais coupé le lien avec la terre mère : " J'ai quitté Kinshasa sans vraiment la quitter. Elle est en moi... Je suis en lien étroit avec ma famille. Quand j'ai eu la nationalité française en 2009, j'ai eu le droit d'y retourner. " Son voyage à Kinshasa lui donne l'occasion d'enregistrer les sons de la ville qu'on entend dans le livre-disque. Il y a les bus, le marché, les bonimenteurs des églises de réveil, les sonorités suaves du lingala...

Sur son texte le plus fort Eclipse, il décrit la jouissance indécente des leaders africains qui ont failli : " Je parle du Mobutu des années 1980 parce que c'est le pays que j'ai connu mais il n'y a pas tellement de différences avec Kabila aujourd'hui. Les temps ont changé. Au Burkina Faso ou au Congo, les Africains ne sont plus prêts à accepter qu'un type reste au pouvoir pendant plus de quarante ans ! "



Source : www.lemonde.fr


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Aissa
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