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Pourquoi les vidéos de violences policières sont devenues primordiales

  Société, #

Korryn Gaines n'avait pas de casier judiciaire criminel. Mais les infractions routières de l'Afro-américaine de 23 ans ont suffi à ce que la police se présente à son domicile, au matin du 1 er août dernier, et la tue en début d'après-midi devant son fils de 5 ans, blessé par les tirs. C'était la 682e personnes à mourir cette année sous les balles de la police aux États-Unis. D'autres se sont ajoutés depuis.

Selon la police, la jeune femme était armée et refusait d'obtempérer. Avant de mourir, elle aurait menacé les officiers de les "tuer s'ils ne sortaient pas de chez elle". Mais pour l'instant, les seules sources dont disposent les médias sont le dossier de Korryn Gaines et la police. "Je préfererais voir les vidéos avant d'accepter cette version de l'histoire", écrit Shaun King dans un article publié sur le site du New York Daily News. Si la jeune femme avait pris l'habitude de filmer chacune de ses altercations avec des officiers de police -y compris celle qui a abouti à sa mort-, plusieurs de ses proches ont alerté le journaliste américain au sujet de vidéos publiées par Korryn Gaines mais "supprimées avant que la police ne la tue".

Une information confirmée par la police, à l'occasion d'une conférence de presse. James Johnson, le chef de la police du comté de Baltimore, a admis avoir demandé à Facebook et Instagram de désactiver les comptes de Korryn Gaines via un "portail d'informations policières", une partie du site réservé aux forces de l'ordre.

Quant aux caméras censées être portées sur l'uniforme des officiers de police -les fameuses bodycam-, l'administration "n'est pas sûre" qu'elles aient été en état de marche et ignore si les policiers présents en portaient tout court. Le dispositif supposé les imposer "ne date que de quelques semaines", selon le Washington Post.

Méfiance générale

Autant dire que pour les militants et sympathisants du mouvement Black Lives Matter, ne pas disposer d'autres versions que de celle de la police revient à n'en avoir aucune.

 

 

 

 

 

 

 

"J'ai besoin de la vidéo des criminels en uniforme. Au moins l'un des officiers présents aurait du avoir une caméra sur lui."

La communauté afro-américaine a toujours été méfiante à l'égard des autorités. À juste titre: selon de récentes données rapportées par le Washington Post, les Noirs des États-Unis ne représentent que 13% de la population, mais 24% des personnes tuées par les forces de l'ordre. Un Afro-américain a donc 2,5 fois plus de chances de se faire tirer dessus par un ou plusieurs officiers et d'en mourir qu'un Blanc.

D'autant plus que les preuves vidéos ont permis de démonter les récits de plusieurs policiers impliqués dans des affaires de violences armées. Elles avaient été décisives dans les affaires Laquan McDonald, Walter Scott et Samuel DuBose, pour ne citer qu'elles.

Alimenter le débat

Derrière cette médiatisation du sujet, une constante : les vidéos. La démocratisation des smartphones, l'essor des réseaux sociaux et la multiplication des caméras de fonction ont un rôle majeur dans la responsabilisation de la police. Les plateformes comme Facebook Live, utilisée en direct par la petite amie de Philando Castile, ont soumis ces vidéos à de larges audiences et alimenté le débat sur la tension raciale aux États-Unis.

Une des premières vidéos à avoir fait évoluer la perception des Américains sur les violences policières subies par les Afro-Américains a maintenant 25 ans. En 1991, Rodney King se faisait gratuitement battre par quatre officiers de police de Los Angeles alors qu'il n'était pas armé. La scène est filmée. À sa diffusion, elle provoque des émeutes et médiatise le sentiment de méfiance ambiant qui parcourt la communauté afro-américaine vis-à-vis de la police depuis de nombreuses années. Avec l'émergence ces derniers mois du mouvement Black Lives Matter, le sujet est de nouveau sur la table.

Un témoignage essentiel

Ces vidéos ont aussi renversé le poids des témoignages: quand une altercation est filmée, le témoignage d'un officier de police n'est plus systématiquement considéré comme plus "crédible".

 

"Avant il y avait les plaintes, la version de la police et la version des témoins. Mais le rôle des vidéos, avec leur viralité, a été crucial pour que les manifestants soient pris au sérieux", raconte Athena Mutua, historienne des droits civiques à l'université de droit de Buffalo, à Vox.

Les forces de l'ordre sont ainsi de plus en plus vigilantes par rapport aux séquences filmées par les citoyens. Le propriétaire d'une épicerie de Baton Rouge, témoin de la mort d'Alton Sterling, a confié avoir caché la vidéo qu'il avait tourné par ses propres moyens après que la police a réquisitionné la séquence tournée par la caméra de vidéosurveillance du commerce. Diamond Reynolds, la petite-amie de Philando Castile, a quant à elle affirmé que la police lui avait confisqué son téléphone et supprimé l'enregistrement de la vidéo.

Sans l'œil des caméras, "si les policiers maintiennent que c'est ce qu'il s'est passé et qu'il n'existe pas de preuves pour démentir leur version, vous êtes foutu", déplore Cedric Alexander, président de l'Association nationale des membres des forces de l'ordre noirs, interviewé par CNN.

La famille de Korryn Gaines, elle, n'aura, sauf rebondissement, pas l'avantage d'avoir des extraits vidéos des tirs qui lui ont coûté la vie.



Source : Slate.fr


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