Culture & Loisirs, # |
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Marie-Cécile Zinsou dans le studio du photographe Malien Malick Sidibé, à Bamako. Crédits : Malick Sidibé 100 % béninoise, 100 % française, Marie-Cécile Zinsou, 31 ans, est la fille de l'économiste Lionel Zinsou et petite-nièce de l'ancien président du Bénin, Emile-Derlin Zinsou. Il y a dix ans, elle a ouvert la fondation Zinsou, un espace dédié aux arts et à la culture en Afrique subsaharienne. Rencontre avec une passionnée qui a très vite compris que la culture est l'un des ingrédients fondamentaux de l'éducation et du développement. Pourquoi avez-vous créé cette fondation ?
Au moment de cette promesse, j'ai rencontré le directeur du projet muséologique du Musée du Quai Branly, Germain Viatte, qui m'a fortement encouragée à créer mon lieu et en famille nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure. " Pourquoi ouvrir une fondation culturelle dans un pays pauvre ? L'Afrique a-t-elle vraiment comme priorité de se consacrer à la création contemporaine ? Entre la guerre, la famine et le sida, les Africains n'ont vraiment pas besoin de culture... " Et l'argument ultime : " Si c'était une bonne idée, cela existerait déjà ! " Quelles sont les actions que cette fondation mène au quotidien pour l'accès à la culture au Bénin ?
Nous sortons également de nos frontières en créant des expositions itinérantes qui circulent dans les villes du Bénin, de Belgique, des Etats-Unis et parfois même dans le métro parisien ( Les Chasseurs Nagô du royaume de Bantè de Jean-Dominique Burton ont été exposés dans les stations Madeleine et Pyramides lors de Paris Photo en 2011).
" Il faut quand même noter que les Etats ne jouent pas pleinement leur rôle. La situation des artistes est difficile, ils ne sont pas du tout aidés. " Cette année, la fondation fête ses dix ans. Quel bilan tirez-vous ? Naturellement, cela demande d'être bien entourée. Quand je parle de la Fondation, je dis toujours " nous " car il ne s'agit bien évidemment pas d'une initiative individuelle, mais d'un véritable engagement. Celui d'une famille qui porte et finance le projet, celui d'une équipe de soixante personnes qui au quotidien relève des défis inattendus. Penser à ces dix dernières années permet aussi de dresser un constat. Si de plus en plus de lieux s'ouvrent sur le continent, si l'on voit des initiatives privées absolument remarquables, si les galeries et musées fleurissent de Rabat à Johannesburg en passant par Dakar et Lagos, il faut quand même noter que les Etats ne jouent pas leur rôle. La situation des artistes est difficile, ils ne sont pas du tout aidés, le patrimoine n'est pas conservé correctement (la semaine dernière, une partie du patrimoine mondial situé au Bénin, le palais du roi Houegbadja, est parti en fumée), il y a peu de scènes nationales et très peu de lieux de création... La Fondation Zinsou a l'extraordinaire chance d'être indépendante et de ne rien demander à l'Etat, et jusque-là il a toujours tenu ses promesses. Les réactions du public ont-elles évolué entre 2005 et aujourd'hui ?
En novembre 2013, votre fondation a aussi ouvert un musée d'art contemporain à Ouidah. Pouvez-vous nous en parler ?
La découverte de la Villa Ajavon, l'un des plus beaux exemples d'architecture afro-brésilienne, dans la ville de Ouidah a permis de trouver le lieu qui nous manquait. Symboliquement, ouvrir un musée d'art contemporain dans cette ville nous a semblé très fort. Ouidah était l'endroit de départ de centaines de milliers, voire de millions d'esclaves. C'est donc une ville dont l'histoire nous touche universellement. Aujourd'hui, il reste des traces du passé, quelques maisons coloniales, quelques signes du retour des esclaves affranchis du Brésil, mais Ouidah est surtout une ville très pauvre dont l'économie a périclité au fil du XX e siècle. Ouvrir un lieu qui parle d'art contemporain, qui reçoit des créateurs et qui accueille énormément d'enfants est aussi une manière de se tourner vers le futur et de ne pas rester figé dans le passé. lemonde.fr | |||
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