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Pumeza Matshikiza : Virtuose voix noire de l'opéra

  Culture & Loisirs, #

Pumeza Matshikiza

Cette fois, c’est une femme, soprano, auprès de laquelle l’histoire si touchante de Barbara Hendricks victime de la discrimination aux Etats-Unis semble une bluette. Née au Cap en 1979, Pumeza Matshikiza (c’est tellement plus simple de la réduire à son prénom, comme tant d’autres artistes au nom trop exotique pour le public moyen) a connu une enfance des plus tire-larmes. Après des débuts en Fille-Fleur à Covent Garden, elle est entrée dans la troupe de l’opéra de Stuttgart. Elle a chanté pour le mariage du prince Albert de Monaco, et a interprété la chanson « Freedom Come-All-Ye » pour la cérémonie d’ouverture des Jeux du Commonwealth, à Glasgow.

Et Decca lui a fait enregistrer un disque intitulé Voice of Hope, sur lequel les mélodies populaires en xhosa, en swahili ou en zoulou encerclent quatre airs d’opéra : Mozart (Zerlina) et Puccini (Liu, Lauretta, Mimi). Et une tournée avec Rolando Villazòn est prévue pour cet automne. Voix de l’espoir, vraiment ? L’espoir de vendre beaucoup de disques, pour Decca, mais un espoir pour l’art lyrique ? L’avenir seul le dira.

La dernière « révélation » de Decca fera parler d'elle dans les mois à venir. Elle a sa voix devant elle. Un album mélangeant chants traditionnel sud-africains et airs d'opéra est annoncé en début d'année prochaine. En attendant, posée sur un robe de mousseline rose telle une fille fleur, elle prend d'un regard assuré la mesure de la salle. Il ne faut pas se fier à ce port de tête altier, Pumeza Matshikiza se cherche encore. Son soprano, lyrique de toute évidence, s'aventure à contre-emploi sur les terres légères d’une Nannetta, moins diaphane que capiteuse. A tout prendre, on la préfère en Concepción, rôle que ne dédaignent pas les mezzo-sopranos.

La demoiselle a du tempérament – et l’horlogère ravélienne en exige –, une aisance scénique qui lui permet de se glisser avec justesse dans les habits qu'on lui tend, et surtout une voix de velours tissée de fils d'or. Le léger vibrato est, si l'on en croit Joseph Calleja, signe de santé vocale.

La diction française disqualifie la mélodie de Massenet, quand au contraire « La pitoyable aventure » s'avère à peu près intelligible. La projection est égale sur toute la longueur, le médium dense, le vocabulaire encore limité. Leila, Adina demandent plus de nuances et d'effets. Mais Liu est d'une sincérité désarmante.

Quatre bis prolongent la soirée dont « Tonight » qui sort les deux interprètes de leur zone de confort – West Side Story convient rarement aux voix lyriques – et « Pata Pata », une chanson sud-africaine entêtante que Rolando Villazón s’emploie à massacrer. Le brindisi de La traviata voit réapparaitre la canette de bière qui servait précédemment d’élixir d’amour.

Le ténor descend de la scène pour esquisser un pas de valse avec une spectatrice. Le public, conquis, acclame debout le héros de la soirée. Mais est-ce le chanteur qu’il ovationne, ou l'Auguste et l'Achille en un seul homme réunis ?

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