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Pygmées et Bantous devant la justice pour génocide et crimes contre l'humanité en RDC

  Société, #

Génocide et crimes contre l'humanité. Les charges qui pèsent sur les vingt-trois Bantous et dix Pygmées jugés par la cour d'appel de Lubumbashi depuis la fin d'août sont lourdes. Si lourdes que l'affaire avance difficilement, faute de moyens et de préparation. Mardi 29 septembre, lors de la reprise du procès, les juges ont renvoyé l'audience au 13 octobre pour permettre aux experts de déterminer si deux des prévenus étaient bien mineurs au moment des faits qui leur sont reprochés. En outre, l'un des 11 accusés pygmées est mort de maladie, selon un avocat de la défense.

Le procès, qui se déroule dans la capitale du Katanga, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, devrait permettre " de prévenir d'autres crimes graves - meurtres, viols, tortures, pillages, déplacements forcés - commis par les deux communautés ", estime Timothée Mbuya, président de l'ONG Justicia. Toutefois, " à cause du manque de moyens, le parquet général n'a pas pu mener des enquêtes approfondies en faisant des descentes sur les lieux où ont été perpétrées ces infractions (...) et n'a donc pas entendu les victimes, qui sont les grandes absentes de ce procès ".

En outre, fait remarquer Jeff Mbiya, coordonnateur du Réseau des communicateurs humanitaires à Lubumbashi, " la plupart des prévenus ont été arrêtés sur base de dénonciations et de clameurs publiques ", sans qu'il y ait eu d' enquête sur leur responsabilité individuelle. Les autorités locales n'ont pas non plus été convoquées, alors qu'elles ont fait preuve d'une " légèreté " qui " frisait la complicité ", selon Rogatien Kitenge, militant des droits des Pygmées dans le nord du Katanga.

Massacres de Pygmées

Les tensions sont particulièrement fortes dans le nord du Katanga depuis 2013. En avril, des combattants bantous ont attaqué un camp de déplacés à Nyunzu, où vivaient en majorité des Pygmées. L'incident, " l'un des pires " du conflit qui oppose les deux peuples, selon un rapport publié en août par l'organisation américaine Human Rights Watch, a été minimisé par des responsables de l' armée et du gouvernement local et provincial, bantous pour la plupart.

 

Après enquête, HRW affirme que " les assaillants ont réduit le camp en cendres et tué au moins trente hommes, femmes et enfants (pygmées) à coups de machette, de flèches et de hache " et que " des dizaines d'autres personnes sont portées disparues ". " Nous avons documenté que plus de soixante civils pygmées ont été tués à Nyunzu entre fin avril et début mai (...) par des milices bantoues ", confie pour sa part José Maria Aranaz, chef du bureau conjoint de l'ONU pour les droits humains (BCNUDH) en RDC, ajoutant que " des centaines " de Pygmées s'étaient réfugiés auprès des casques bleus.

Une ethnie discriminée

Présents en RDC, en Centrafrique, au Congo, au Cameroun ou encore au Gabon, les Pygmées vivent traditionnellement de la chasse et de la cueillette. Une existence menacée par la déforestation et l'extension des terres agricoles possédées par les autres ethnies bantoues.

Ces dernières, lorsqu'elles emploient des Pygmées, les rémunèrent souvent chichement quand elles ne les paient pas en nature, avec des petites quantités de nourriture, des cigarettes ou de l' alcool. Et bien que des avancées aient été réalisées pour un meilleur accès à la santé ou à l'éducation des peuples des forêts, ils restent, globalement, très discriminés.

Dans un bilan sécuritaire diffusé à la fin de septembre, la mission de l'ONU (Monusco) - l'une des plus importantes au monde avec vingt mille hommes chargés de la protection des civils et de la lutte contre les groupes armés - notait une accalmie dans la région. Mais les appels à la tolérance des autorités et l'envoi de renforts militaires ont régulièrement échoué à prévenir les attaques et les représailles entre les deux communautés. " Les problèmes sous-jacents à la violence ne seront pas résolus tant que les droits fondamentaux des [Pygmées], longtemps opprimés, ne seront pas respectés ", insiste Human Rights Watch.

" Il s'agit d'un conflit pour la terre et les ressources qui ne se résoudra pas seulement par les moyens militaires ou judiciaires, renchérit José Maria Aranaz. La négociation d'une installation pacifique qui permet aux deux communautés de partager l'espace est la seule façon d'avancer. " D'autant que si la situation s'est apaisée à Nyunzu après le déploiement de troupes onusiennes supplémentaires, le conflit a " maintenant migré vers Manono ", plus au sud.



Source : www.lemonde.fr


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martino
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