Société, # |
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En quelques mois, un jeune Ivoirien connu sous le nom de Observateur, fait mourir de rire une partie du web en publiant des vidéos délirantes où il se met en scène donnant son avis, sur tout et n'importe quoi.
" Je tartine... Hummm... Hummm... Kinder Bueno ! "Au départ il y a l'incrédulité. Lorsque l'on tombe la première fois sur une vidéo d'Observateur, on se demande vraiment à quoi et à qui on a à faire. Si les pionniers de l'humour viral du web, - comme Norman en France - étaient facilement identifiables en tant qu'humoristes, le style de ce jeune Ivoirien a de quoi décontenancer. Tout dépend d'abord du média par lequel on croise son chemin. Sur Instagram, où les vidéos sont des boucles de 15 secondes maximum, il privilégie les délires absurdes. On sent qu'on est ici dans le laboratoire d'improvisation où tout se tente, comme dans une séquence pendant laquelle il tartine un morceau de pain en commentant simplement : " Je tartine... Hummm... Hummm... Kinder Bueno ! Hummm ! ". La forme de sa tête, qu'il qualifie de " tête d'obus " est aussi un objet d'autodérision qu'il place dès qu'il peut, coupant court aux moqueries supposées. Observateur n'est pas avare en conseils existentiels, à l'image de cette vidéo où il donne aux internautes sa méthode pour éviter de regarder ce qui leur déplaît : " Ce qui me plaît pas je ne regarde pas. Exemple : j'évite d'aller dans la salle de bain parce que là-bas il y a un miroir ! Je risque de me voir, donc je ne fréquente pas la salle de bain où il y a le miroir. " Sur sa chaîne YouTube, la plupart des mises en scène sont sommaires, le comédien s'adresse à la caméra, torse nu ou habillé, dans un plan serré. Mais les délires sont plus longs, plus préparés. " Un mélange d'humour, mais surtout d'absurdités ", nous prévient la description de sa chaîne. Il y aborde tous les thèmes du moment, cela va de l'affaire de la sex tape de Valbuena au blanchiment de la peau, en passant quelques mises au point avec les rageux et autres trolls qui doivent constituer, on le suppose, une partie de son audience. Les titres de ses dernières vidéos sont explicites : " Les veulent me donner une blanche pour mon visa ", " Comment devenir blanc pour éviter les racistes " ou encore " La politique française et Daesh ".
Ils se livre également à un exercice plutôt très amusant, un peu plus élaboré visuellement, où il répond à ses abonnés sur Snapchat. Et là ça fuse, ça envoie des vannes dans tous les sens. Et l'humour absurde domine toujours comme lorsqu'un jeune homme lui intime de le mettre dans sa prochaine vidéo. Ce à quoi il répond : " Et tu vas me faire quoi ? Non je ne te mettrai pas dans ma prochaine vidéo ! ".
D'ailleurs on s'aperçoit que ses abonnés sont souvent des Français, des jeunes ado, blancs, noirs, d'origine maghrébine. Cette audience glanée hors du continent, Observateur la doit aux rappeurs français. Il y a un an, le comédien s'est mis à vanner et imiter les stars du moments. L'un de ses vidéos est arrivée jusqu'au yeux du rappeur d'origine congolaise (RDC) Gradur, qui s'en est amusé et l'a partagée. Depuis tous y passent, Maître Gims, Akon, Booba, Niska, Falaby, et bien d'autres. Une audience bien installéeComme pour toutes les stars montantes des réseaux sociaux, un coup d'œil sur les compteurs s'impose. Pour Observateur c'est assez clair, un petit phénomène prend forme : sur YouTube, où il n'est pas le plus présent, il comptabilise 59 362 abonnés pour un total d'un peu plus de 2 millions de vues. En revanche sur Instagram, ce sont plus de 257 000 internautes qui le suivent pour seulement 235 publications. Même constat sur Twitter où il rassemble 75 000 abonnés pour seulement 1 332 tweets. Qui se cache derrière Observateur ?Derrière Observateur se cache un jeune homme de 28 ans qui vit à Abidjan, Florent Amany de son vrai nom. " Fils unique, depuis la crise ivoirienne ", ce fils d'agriculteur a passé sa scolarité entre Bouaké et Yamoussokro, avant de s'installer à Abidjan où, le bac en poche, il passe un BTS électronique. En dépit de cette notoriété croissante sur le web, ce n'est pas ce qui le fait manger. " Aujourd'hui je m'occupe de la gestion d'une base de données d'une compagnie pharmaceutique ", explique-t-il. Et ce succès, Florent Amany ne l'a pas vraiment vu venir. Après une éducation sévère dispensée par son père - " pour lui le plus important était que je réussisse à l'école " - jamais il n'aurait pu s'imaginer devenir comédien. " À la base je n'avais pas du tout l'intention de faire carrière dans la comédie, je voulais juste exposer mes idées en public. " C'est en 2011 qu'il poste sa première vidéo, pour ses 85 abonnés de l'époque, dans laquelle il parle de sa vie en classe, " des professeurs qu'on aimait pas ". Petit à petit, sa chaîne est suivie localement, d'autant plus qu'il s'exprime alors dans sa langue maternelle le baoulé. Puis, lui vient l'idée de s'attaquer à des sujets de plus en plus vaste, en français, et notamment aux musiciens à la mode. " Je me suis dit : 'Lorsque vous écouterez cette chanson demain, vous vous souviendrez de moi !' ". La suite de l'histoire on la connaît, elle le conduira même à la fin de l'année 2015 en duplex sur le plateau de l'une des émissions de télévision les plus populaires en France, " Touche pas à mon poste " de Cyril Hanouna. " Au départ, ce changement de ligne éditoriale n'a pas plu à mes abonnés. Mais moi j'ai répondu qu'on ne faisait pas la promotion de l'Afrique devant les Africains, mais devant ceux qui ne la connaissent pas. " En revanche, il a des limites : " Je ne traite pas de sujets trop sérieux, je suis là avant tout pour m'amuser. Si c'est trop sérieux, je ne le fais pas ". Si le monde audiovisuel est encore " très fermé en Côte d'Ivoire ", le jeune comédien, qui travaille désormais avec un agent, affirme que sa notoriété lui a ouvert des portes et que de nouveaux projets plus ambitieux pourraient voir prochainement le jour. En attendant, n'hésitez pas à lui envoyer un snap, qui sait, vous serez peut-être dans sa prochaine vidéo.
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