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Qui sont les touristes africains en France ?

  Société, #

Beaucoup d'Africains n'ont pas encore les moyens de voyager à l'extérieur du Continent. N'empêche, ils sont de plus en plus nombreux à s'offrir des voyages de découverte en Europe, en Amérique ou vers d'autres destinations. Sur les 84,7 millions de touristes qu'a accueilli l'Hexagone en 2013, 2,1 millions sont africains. " Pour l'heure, ce marché touristique n'est pas encore exploité. La plupart des actions de promotion entreprises par les opérateurs français ciblent le marché asiatique. Les visiteurs africains sont pourtant fidèles et il n'est pas impossible que ce créneau soit travaillé dans les années à venir " nous confie-t-on à la DGE, la Direction générale des entreprises, en charge de la veille touristique et de la rédaction du Mémento du tourisme. Les données sont rares mais des profils se dessinent et permettent de définir qui sont ces touristes. Ils occupent aujourd'hui un marché de niche pour la France et la complexité d'obtention du visa limite les déplacements.

Les touristes africains les plus nombreux : les Maghrebins

Plus de la moitié des touristes africains accueillis en France proviennent du Maghreb. Environ 500 000 visiteurs sont algériens et séjournent en hébergement non-marchand. " Ils viennent voir leurs familles, leurs amis. La clientèle dépense peu mais reste plus longtemps que les autres. " La durée moyenne de leur séjour est évaluée à 14,2 nuitées en 2013 contre 6,4 pour un Chinois ou 9,1 pour un Américain. Les hôteliers reçoivent,eux, de manière ponctuelle des familles aisées du Mozambique, du Kenya, de Namibie, du Botswana, du Gabon, du Nigéria... " Elles ont réussi dans le commerce, l'industrie, la distribution, la téléphonie ou encore l'immobilier, décrit un réceptionniste d'un hôtel cinq étoiles des Champs-Elysées. Cette clientèle vient de temps en temps pour faire du shopping, se montrer. Ils mènent la grande vie " Cette consommation ostentatoire se traduit par un passage dans les grandes boutiques de la capitale comme Les Galeries Lafayette. " En ce moment, on voit des Gabonais, des Camerounais, des Ivoiriens. La classe supérieure africaine dépense beaucoup. Elle ne vient pas souvent mais à chaque fois elle repart chargée de paquets " sourit Déborah Benharous, assistante en charge des marchés des Galeries Lafayette.

Cible visée par Atout France : les Sud-Africains

Mais la France cherche, principalement, à attirer les Sud-Africains. Atout France, l'agence de développement touristique de la France possède son seul bureau africain dans ce pays. Chaque année, environ 120 000 ressortissants viennent sur le territoire français. " Sur les 53 millions d'habitants de ce pays, j'estime que 7 millions de personnes sont en mesure de voyager. C'est un pays à deux vitesses avec un marché émergent et un marché mature " explique Hélène Bezuidenhoudt, responsable du bureau sud-africain. La clientèle se décompose en trois entités : les Anglais, les Afrikaans (d'origines néerlandaise) et les Black Diamonds (les ménages noirs disposant d'un pouvoir d'achat). " Chacun de ses segments a ses propres motivations de voyage. Les Anglais et les Afrikaans sont tournés vers le patrimoine, l'art de vivre, le tourisme de souvenir. Ils aiment se rendre sur les plages du Débarquement en Normandie. Ils sont aussi adeptes du canal du Midi et de ses péniches, remarque Hélène Bezuidenhoudt. Les Black Diamonds, eux, profitent de la vie en s'offrant des virées shopping et en séjournant dans des palaces parisiens. Tous veulent voir la Tour Eiffel. Elle est le symbole de Paris", poursuit-elle. La clientèle sud-africaine est adepte des produits tout compris. " La monnaie fluctue souvent. Le forfait leur garantit une sécurité financière même s'il ne regarde pas à la consommation. Un Sud-Africain dépense en moyenne 250 euros par jour ", explique Hélène Bezuidenhoudt. Depuis 2013, les ressortissants d'Afrique du Sud qui souhaitent se rendre à La Réunion, pendant moins de quinze jours et via un opérateur agréé, sont exemptés de visa. " Cette réforme porte ses fruits et la demande de visa pour les quatre premiers mois de cette année a augmenté de 17%. "

L'épineuse question des visas

L'obtention du visa est une des barrières entre la France et les pays d'Afrique. Les autorités réclament plusieurs justificatifs aux demandeurs (conditions du séjour, moyens financiers...) et le traitement du dossier peut durer des mois. " Il est très compliqué pour un Africain de se rendre en Europe même pour un court séjour ou pour une réunion de travail. L'Union européenne protège ses frontières contre l'immigration, mais en contrepartie elle se prive d'une clientèle touristique ", estime Thierry Peleau, directeur général de la Maison de l'Afrique, qui aide au développement de l'économie de l'Afrique subsaharienne. Lors de sa visite en Algérie le 19 juin dernier, le président français, François Hollande, a annoncé que des mesures seront prises pour mieux accueillir les demandeurs de visa algériens. Mais la France devra aussi réfléchir à l'assouplissement de cette procédure pour d'autres pays notamment le Nigéria devenu la première puissance économique du Continent. L'enjeu est de taille car, chaque année, entre 100 000 et 200 000 Nigérians voyagent à l'étranger. Ils sont actuellement 10 000 à venir dans l'Hexagone pour des activités de tourisme. Autant dire que la marge est encore grande. Et elle mérite d'être vite comblée.

La piste du tourisme d'affaires : un gisement appréciable

En raison du dévelopement du business, beuacoup d'Africains viennent assister à des réunions, participer à des colloques ou visiter des Salons. Ils sont donc de plein pied dans le tourisme d'affaires qui représente, par exemple, 70 % des déplacements des Nigérians, et 35 % de ceux des Sud-Africains... " Plus de 300 entreprises françaises possèdent des filiales en Afrique du Sud. Ça créé forcément des échanges ", explique Hélène Bezuidenhoudt, responsable du bureau sud-africain à Paris. La réflexion est la même du côté de La Maison de l'Afrique de Paris qui assure la promotion des économies de nombre de pays d'Afrique subsaharienne. Elle accueille ainsi, chaque année, une petite centaine de délégations pour divers événements. " Ils viennent chercher des contacts, démarcher des entreprises... L'Afrique et la France ont toujours collaboré ensemble sur des projets économiques ", précise Thierry Peleau, directeur général de la Maison de l'Afrique. Pourtant la crise et les difficultés d'obtention des visas ont limité ces échanges. "Un collaborateur de moins de 30 ans n'a quasiment aucune chance d'obtenir un visa pour venir assister à un congrès en France", poursuit-il. Branchés dans la mondialisation, les Africains sont aussi à la quête de nouveaux marchés. Ils se tournent ainsi vers les Etats-Unis ou encore la Chine. Pour un pays comme la France, championne du monde des destinations touristiques, un changement de perception pourrait ouvrir un gisement à observer à l'aune des promesses de développement d'affaires avec l'Afrique : celui du tourisme d'affaires africain.



Source : afrique.lepoint.fr


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