Lundi, Rama Yade avait appelé à l'exclusion de Jean-Marie Le Pen du Front national après sa sortie sur les artistes. Interrogée à ce sujet mardi matin sur BFMTV-RMC, Rama Yade a réitéré ses propos, fustigeant un parti "qui n'a pas changé" et "une affaire qui révèle une forme d'hypocrisie". "Marine Le Pen n'a pas pris ses distances" avec les propos de son père, a estimé Rama Yade, jugeant que la présidente du Front national aurait dû sanctionner plus durement son père.

La veille, Marine Le Pen avait déploré "une faute politique". "Alors il faut en tirer des conséquences et exclure Jean-Marie Le Pen du FN, comme elle l'a fait avec d'autres membres du parti qui ont eu le même genre de propos. Elle devrait appliquer la même règle pour tous, a jugé Rama Yade. Il n'y a pas d'intouchables au FN je pense. Si Marine Le Pen était sincère dans cette posture républicaine qu'elle affiche, elle excluerait son père." Et d'insister: "il n'y a aucune différence entre Marine et Jean-Marie Le Pen".

Interrogée sur l'état de santé de Jean-Louis Borloo, Rama Yade a tenu à rassurer. "Il va bien. Je l'ai eu au téléphone hier, il était curieux, vif, avec plein de projets dans la tête. Il est en forme."

Puis, interrogée sur la pertinence de la réforme territoriale et le redécoupage de la France en 14 "super régions", Rama Yade la juge nécessaire... mais déconseille à François Hollande de la soumettre à un référendum, qui se transformerait inévitablement selon elle en référendum sur François Hollande.

"Il exaspère tellement les Français qu'ils diront non à tout ce qu'il propose. Mais je pense que la consultation des élus ne peut pas être infinie. Hollande doit avoir du courage. Il est actuellement le seul recours possible. Dans une période de crise, le président de la République est le seul recours possible", a-t-elle jugé, rappelant le contexte politique tendu, avec un "FN qui a fait 25% aux Européennes, une UMP en pleine crise interne, un gouvernement Valls contesté et l'UDI qui gère encore la succession de Jean-Louis Borloo".

Outre la succession de Jean-Louis Borloo, l'UDI doit aussi se pencher sur son avenir au centre, où il cohabite avec le parti de François Bayrou. Un rapprochement entre le MoDem et l'UDI est-il à l'étude? "Il est urgent d'attendre", a rétorqué Rama Yade, invoquant un accord pour l'instant "bancal". "Un rapprochement oui, mais pas n'importe comment. Le MoDem n'a pas encore choisi entre la gauche et la droite. On ne peut pas faire des alliances à la fois avec la majorité et avec l'opposition comme le parti l'a fait lors des municipales, a-t-elle dénoncé. Bayrou doit clarifier sa position".

Quant à un retour de Nicolas Sarkozy en politique, il ne génère pas beaucoup d'enthousiasme chez son ancienne ministre. "Tout dépend de ce qu'il a à proposer, a-t-elle plaidé. Je lui suis reconnaissante de m'avoir nommée ministre mais je suis en désaccord total avec la façon dont il a conduit l'UMP entre 2010 et 2012, avec le triomphe de la ligne Buisson. C'est ce qui l'a mené à la défaite."

Sa petite phrase avait été largement reprise. Le mois derière, Rama Yade avait déclaré qu'elle aimerait bien être invitée par la Fédération française de football à assister au Mondial au Brésil. oui mais voilà, c'était juste une blague, s'était-elle défendue. "C'était de l'ironie. Cela s'appelle un troll en Internet ( sic). On prend une phrase ironique, on la prend au premier degré et on la partage sur les réseaux sociaux."