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READ! Club de lecture des Auteurs Afro à Paris ...

  Culture & Loisirs, #

Les auteurs noirs ne sont pas très souvent à l'honneur. Une initiative peu commune cherche à les pousser enfin sur le devant de l'estrade. Nous sommes allés à la rencontre de Laurie Pezeron, fondatrice du Club Read!

Par Dianguina Kouyaté

 

Qu'est-ce que le club Read! ?

C'est un club de lecture qui se penche sur les œuvres d'auteurs noirs, contemporains ou d'une autre époque. Le but est de promouvoir ces plumes auxquelles on accorde aucune visibilité et ces classiques qu'on connait mal, surtout en France. On ne suit pas l'actualité car l'objectif n'est pas d'être harcelé par des maisons d'édition. Le club navigue entre tous types de livres : essais, romans, autobiographies, bandes dessinées, etc. Il n'a pas de genre requis. La seule exigence est que l'auteur soit noir. Aborder tous les thèmes possibles à travers ces œuvres, c'est aussi montrer qu'être noir et s'intéresser à la littérature afro ne veut pas dire, parler uniquement d'esclavage.

 

Comment se déroule une séance ?

Je propose un livre. Tout le monde le lit chez soi. Deux mois plus tard on se retrouve en groupe pour en discuter. Et dans la mesure du possible, j'essaie d'inviter un auteur, un éditeur ou juste une personnalité pour nourrir le débat de son témoignage. Par exemple, lors de notre dernière séance autour du livre 12 ans d'esclavage , Maboula Soumahoro, maître de conférences spécialisée dans l'histoire afro-américaine était présente. On ne fait pas d'explication littéraire. Chacun fait juste part de son interprétation et ses ressentis. Tout cela se mène dans une ambiance plutôt conviviale et décontractée. Un peu comme entre amis après avoir été voir un film.

 

Une précision : pour chaque séance, le lieu est différent. Cela pour une raison simple, je ne tiens pas à créer d'habitudes dans ce club où on viendrait toujours au même endroit chacun ayant une place attitrée. Tout se renouvelle à chaque fois.

D'où est venue l'idée de créer ce club ?

Plus jeune, je ne lisais pas. Un jour un Blanc m'a offert un bouquin d'Aimé Césaire. Et j'ai alors réalisé une chose : j'étais capable de citer un Victor Hugo ou un Guy de Maupassant mais j'étais dans l'impossibilité de le faire pour un auteur noir. Je me suis sentie honteuse. Je me suis donc mise à lire de nouveaux auteurs sauf que je n'avais personne avec qui les partager. Alors une fois, j'ai décidé de proposer un ouvrage à quelques personnes de mon entourage. Ceux qui voulaient bien le lire l'ont lu. Puis on s'est retrouvé pour en parler. Voilà comment ça a commencé. Ma mère fait aussi partie d'un groupe de lecture depuis plus de quinze ans. Elle m'a inspirée...

 

Quel est le public ?

Des gens qui se connaissent ou pas. Il y a beaucoup de femmes. A la différence de pas mal d'autres, c'est un club plutôt jeune avec une moyenne d'âge entre 25 et 35 ans. De nombreux étudiants. Une bonne partie du public est noir. Cela n'empêche pas des personnes ne correspondant pas à ces critères de venir. Des Blancs, des hommes, des personnes plus âgées. De manière générale, des gens curieux. Mais attention, il n'y a aucune forme de discrimination. Quiconque s'intéresse à la littérature afro est bienvenu.

 

C'est un club pleinement ouvert alors ?

Complètement. On me demande souvent si je suis communautariste. C'est une question qui me fatigue. Je le suis peut-être et alors ? Cela ne veut en aucun cas dire que je suis fermée. Si j'avais été une mordue de sciences fictions et que j'avais ouvert un club autour de ça, on ne m'aurait jamais taxé de communautarisme. Si ça dérange certains, tant pis mais apparemment cela semble en intéresser beaucoup.

 

Comment le club s'est fait connaitre ?

Je travaille dans la communication depuis plus de dix ans, et j'en ai un peu utilisé les ficelles. Cependant aucune véritable promotion n'a été engagée. L e gros du travail s'est vraiment fait grâce au bouche à oreilles. Ma volonté n'a jamais été d'animer des conférences pour cent personnes. J'ai toujours mis un point d'orgue à ce que l'événement demeure convivial et surtout que chacun trouve un temps de parole. Passées trente personnes, cette deuxième condition se remplit difficilement.

 

Vous vous intéressez aux livres de la littérature afro-caribéenne non-francophone qui n'ont pas été traduits ?

Personnellement je m'y intéresse, mais je ne lis pas encore couramment en anglais. J'ai des livres non-traduits dans ma propre bibliothèque auxquels je ne me suis pas encore réellement attaqué. Et encore moins au club. Toutefois je suis souvent en contact avec l'ambassade des Etats-Unis en France qui me l'a déjà demandé. Mais je ne suis pas assez bilingue pour assurer une séance dans la langue de Shakespeare. Et comme le club est un peu mon bébé, j'aurais du mal à le confier entre les mains d'une autre personne. (Rires)

 

Quelles différences observez-vous entre les littératures afro-américaine et africaine ?

Dans la littérature africaine francophone, il y a l'amour de la langue fraçaise. Les textes sont magnifiques. Par exemple, vous ouvrez un bouquin de Mariama Bâ, vous êtes subjugué par la beauté de l'écriture. C'est une première différence. Une seconde serait la différence des thèmes et sujets abordés. Les Africains et les Afro-Américains ne partagent pas la même culture. Ces derniers sont devenus des occidentaux à par entière. Le fruit de l'Histoire. Mais le mélange est intéressant car cela prouve que ce n'est pas parce qu'on est noir qu'on parle de la même chose.

 

Vous identifiez d'autres littératures noires autres qu'africaine et afro-américaine ?

Il y a la littérature brésilienne même si je la connais mal. La littérature antillaise. En Europe aussi. En Angleterre notamment. Petit à petit une littérature noire française émerge, souvent qualifiée de littérature urbaine.

 

La littérature noire est moins prisée. Parce qu'elle est commercialement moins sexy que les autres ?

Pas pour moi. (Rires) L'Afrique a toujours intéressé voire fasciné. Les Blancs ont toujours été amateurs d'exotisme. Les trésors ne sont pas forcément mal-aimés mais plutôt méconnus. Et puis certes, il n'y a pas de Guillaume Musso noir mais je ne sais pas si les ouvrages de ce genre d'auteurs sont vraiment le modèle vers lequel la littérature noire a besoin de tendre. En France on cultive toujours cette peur de l'étranger. Et Malheureusement notre pays n'a pas encore compris les richesses culturelles que ses anciennes colonies pouvaient encore lui apporter. On a encore ce dédain pour l'Africain. Dans un restaurant parisien un Noir Américain pourrait s'adresser au serveur dans un français approximatif avec un accent anglephone, ça donnerait lieu à de la curiosité voire de l'admiration. Un Noir africain prendrait la parole en maniant la langue de Molière de façon impeccable, il prêterait à rire pour son accent. C'est triste.

 

Comment expliquer que la France connaisse moins d'auteurs noirs à succès qu'aux Etats-Unis ?

D'abord je ne sais pas s'il y a moins d'auteurs noirs français qu'américains. Pour moi tout est une question de visibilité d'abord. Et ce dont je suis sûre en revanche est que les auteurs noirs français bénéficient effectivement de beaucoup moins de publicité que les Afro-Américains. C'est un peu comme pour le cinéma. Les Noirs américains n'ont pas une passion plus prononcée pour le cinéma que les Noirs français cependant ils ont plus facilement accès au devant de la scène.

 

REPERES:

READ! Club de lecture des Auteurs Afro'

 

READ! est un club itinérant ayant la volonté de faire découvrir aux membres des lieux atypiques parfois même insolites. Les sessions sont itinérantes : restaurants, show-rooms, librairies, galeries d'art, lieux culturels...

Rejoignez l'aventure READ! ici


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