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Rokhaya Diallo part à la rencontre de la génération nappy

  Mode & Beauté, #

 

© Brigitte Sombié

Pour interviewer Rokhaya Diallo cette semaine, il a fallu s'accrocher. La journaliste et militante a multiplié les plateaux et les signatures pour la promo de son dernier livre, , en librairie depuis mercredi, qui reçoit un excellent accueil de la presse. Une bonne surprise pour la jeune femme de 37 ans, qui s'intéresse depuis longtemps au rapport des personnes noires à leurs cheveux et qui a vu la curiosité pour ce phénomène grandir petit à petit autour d'elle. " Les choses ont beaucoup bougé entre le moment où je me suis lancée sur le projet et la publication, reconnaît-elle. Au début, même l'éditeur n'était pas sûr du sujet, alors qu'aujourd'hui c'est une évidence de parler des nappy."

 

L'adjectif "nappy" -contraction de natural et happy- désigne la tendance à porter ses cheveux afros au naturel, qui défie depuis quelques années les défrisages et autres tissages longtemps associés à la chevelure des noirs. " La question des cheveux est en fait celle des canons de beauté, poursuit Rokhaya Diallo. Étant féministe, je suis sensible aux diktats dans lesquels sont enfermées les femmes, et étant noire, je me rends compte à quel point les codes de la beauté sont ceux des femmes blanches. Parler des nappy, c'est choisir un fil très populaire pour parler d'une question profonde et politique."

 

" Tu penses à Londres et New York, tu penses multiculturel, mais tu penses à Paris, tu penses monuments, ça ne correspond pas à ce que je connais. "

Afro! compile 110 témoignages de femmes et d'hommes qui racontent leur rapport complexe à leur capillarité. Parmi eux, on retrouve notamment Inna Modja, Amandine Gay ou Fatou N'Diaye alias Black Beauty Bag. Face à l'objectif de Brigitte Sombié, tous prennent la pose dans les rues de Paris, un décor cher à Rokhaya Diallo, qui souhaitait à travers ce projet donner un autre visage, moins carte postale, à la capitale. " C'est ma ville de naissance et elle a une image aux antipodes de ce qu'on peut voir tous les jours dans les transports en commun, lance-t-elle. Tu penses à Londres et New York, tu penses multiculturel, mais tu penses à Paris, tu penses monuments, ça ne correspond pas à ce que je connais. Avec ce livre, j'avais envie de participer un peu à la construction de Paris telle qu'elle est, c'est dommage que la mairie n'ait pas souhaité collaborer au projet." Pour Cheek, Rokhaya Diallo revient sur 4 portraits de son livre, tous emblématiques de la jeunesse métissée qui caractérise la France en 2015.

Chrystèle Saint-Louis Augustin, mannequin et actrice (à l'affiche de )

© Brigitte Sombié

 

"Chrystèle s'est fait connaître grâce à sa chevelure quand elle est devenue mannequin, et je trouve que c'est un élément symptomatique de sa personnalité. Cette partie d'elle représente son identité de femme noire, elle qui est métisse avec la peau claire et les yeux bleus. Comme beaucoup de métisses, elle est confrontée à une dualité entre deux identités et elle a longtemps souffert d'une injonction à se conformer aux diktats de la beauté blanche. Enfant, elle était très complexée par ses cheveux, et c'est le regard de photographes et d'esthètes qui lui a fait comprendre qu'ils étaient beaux. Je trouve très intéressant qu'elle se soit réconciliée avec son afro grâce au milieu de la mode. Grâce à ce genre de femme, il existe des images de beauté alternative qui permettent aux jeunes de s'identifier à quelque chose de positif."

Nelly Siby, comptable

© Brigitte Sombié

 

"Pour Nelly Siby aussi, l'acceptation a été un long cheminement, et elle y est notamment arrivée grâce aux réseaux sociaux. Elle a créé son blog, s'est mise à échanger sur le sujet, et aujourd'hui elle assume parfaitement ses cheveux magnifiques. Elle est emblématique de sa génération hyper connectée: pour beaucoup de jeunes filles qui se sentent isolées, Internet permet de sortir du regard social réprobateur et de se sentir acceptées quand elles réalisent qu'elles ne sont pas seules. Les blogs nappy permettent aussi de découvrir des conseils pratiques qu'on a beaucoup de mal à trouver dans la presse féminine. Aujourd'hui encore, on considère en France que la beauté ethnique n'est pas un marché porteur ni un investissement rentable. Une personnalité noire en couverture d'un magazine continue de faire baisser ses ventes, je trouve ça fou!"

Fatima Ait Bounoua, professeure de lettres

© Brigitte Sombié

 

"Dans le livre, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas noirs. En fait, j'ai grandi au milieu de filles d'origine maghrébine, et j'ai observé très jeune qu'elles avaient des problématiques de cheveux proches des miennes. Il ne faut pas oublier que les maghrébins sont des afro-descendants, contrairement aux arabes du Moyen-orient qui ont les cheveux beaucoup moins frisés. J'ai trouvé intéressant d'étendre le livre aux maghrébins, car quand on lit leur témoignage, on se rend compte qu'ils vivent la même chose que les noirs. En ce qui concerne Fatima, elle a en plus la particularité d'être prof dans le 93 et de constituer un role model pour ses élèves. Elle a un impact sur les ados qu'elle voit en classe, dont certaines racontent dans le livre comment elles ont évolué vers le naturel après l'avoir rencontrée. Ces jeunes filles ne connaissent que des stars noires comme Beyoncé ou Rihanna, qui ont les cheveux lissés, et leur prof leur offre un autre modèle, c'est très important."

Océane Lebubura et Armelle Mbiah Ndjée

© Brigitte Sombié

 

"J'ai trouvé super intéressant qu'il y ait un concours de Miss Nappy. Il y avait déjà des concours de Miss noires, mais là, il s'agit de mettre en avant les cheveux de ces filles, et donc de mettre en avant la beauté noire. Océane et Armelle ont la vingtaine, elles incarnent la jeune génération, née en France, et la pluralité de types physiques qui la compose, qui n'est malheureusement pas encore très visible."

Propos recueillis par Myriam Levain

Rokhaya Diallo et Brigitte Sombié, Les Arènes



Source : cheekmagazine.fr


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