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Sahara - Grande Muraille verte : ce projet écologique et antidjihadiste

  Société, #

 

1952. Aventurier dans l'âme, l'explorateur et homme de lettres anglais Richard St. Barbe Baker se lance dans une longue traversée du Sahara. À l'époque, cela fait déjà plus de vingt ans que cet intellectuel milite pour une cause alors méconnue, la reforestation. Des vastes plaines canadiennes en passant par le Kenya (alors colonie britannique), il prêche la bonne parole écologiste à qui veut bien l'écouter. Après la Seconde Guerre mondiale, ses propos résonnent de plus en plus. Fort de sa nouvelle notoriété, Baker mûrit alors un projet fou : lutter contre la désertification en construisant un gigantesque mur végétal scindant le désert du Sahara en deux. Mais trop vaste, trop coûteux, le plan Baker pour le Sahara, jugé irréalisable par les experts de l'époque, va tomber dans l'oubli. Son instigateur migrera quant à lui vers les contrées fertiles de Nouvelle-Zélande.

La Grande Muraille verte, une arme à double détente

Plusieurs décennies plus tard, les sécheresses à répétition et la mauvaise gestion des ressources naturelles ont laminé les populations du Sahel. Un malheur n'arrivant jamais seul, ces dernières sont, depuis 2002, la cible du groupe salafiste Boko Haram qui sévit entre le Nigeria, le Tchad et le Cameroun. Chercheur indépendant et ancien cadre de l'organisation International Crisis Group, Gilles Yabi explique les méthodes de recrutement des dirigeants de l'organisation terroriste : " Les leaders semblent recruter dans les classes les plus pauvres, notamment dans la jeunesse déscolarisée, passée par une école coranique ou dans les régions où il n'y a pas de politiques publiques. " Aujourd'hui dirigée par Abubakar Shekau, la succursale de Daesh en Afrique de l'Ouest profiterait ainsi de la misère des jeunes hommes en âge de combattre pour les convertir en mercenaires. À la menace écologique s'ajoute ainsi un véritable défi sécuritaire pour les pays du Sahel. Pour faire face à ce double péril, des experts ont contre toute attente ressorti des cartons le projet de Richard St. Barbe Baker. Actualisé pour faire face à la nouvelle donne dans le Sahara, le plan Baker devient " The Great Green Wall " ou Grande Muraille verte en français dans le texte. Symbole d'une Afrique qui prépare son avenir, dès sa présentation à Addis-Abeba en 2007, le projet suscite l'enthousiasme et trouve un soutien énergique de la part des chefs de gouvernement du continent. Dans le détail, il est pharaonique ! D'Ouest en Est du continent, on prépare la plantation d'une barrière d'arbres et de végétaux de 15 kilomètres de large sur plus de 7 000 kilomètres de long. Pour permettre à cette miraculeuse oasis en plein désert d'exister, pas moins de 20 pays, du Soudan au Nigeria, ont créé une agence soutenue par l'Union africaine, l'ONU, la FAO et l'Union européenne (UE) sans compter l'aide de dizaines d'associations qui offrent ponctuellement leur soutien financier et leur expertise pour aider à la construction de la Grande Muraille verte.

© DR

Premiers effets positifs sur l'environnement

Après plusieurs années de conception stratégique et d'enquête de terrain, la Great Green Wall Initiative a réussi à réunir un budget de 2 milliards de dollars, largement financé par la Banque mondiale, l'Union européenne et l'Union africaine. Derrière cette profusion de moyens, explique le site du National Geographic, l'idée est de " permettre aux pays faisant partie du projet d'avoir toute latitude pour effectuer leur part du travail ". Lancée au début de la décennie, l'œuvre de plantation de graines tout le long du tracé de la muraille semble aujourd'hui s'accélérer. En novembre 2014, à Bachakha, le président Goodluck Jonathan a ainsi donné le coup d'envoi de la construction de la partie nigériane de la barrière végétale. Dans ce pays sans cesse déstabilisé par les attentats de Boko Haram, le projet s'étend sur 1 500 kilomètres de long et traverse pas moins de 11 États situés à la frontière nord du pays, de Kebbi, à l'Ouest, à Borno, à l'Est. À quelques milliers de kilomètres, au Sénégal, le travail de plantation est déjà bien avancé et les observateurs enregistrent déjà les premiers succès du projet. 50 000 acres d'arbres, dont une forte proportion d'acacias Sénégal, ont été plantés au cours des dernières années. Par le fruit de la vente de leur gomme utilisée dans l'industrie agro-alimentaire, ces arbres impulsent une nouvelle dynamique à l'économie locale. Un cercle vertueux qui, s'il se poursuivait, pourrait compromettre les plans des djihadistes dans la région. À terme, c'est également l'humidité des sols et la baisse des températures diurnes qui pourraient être positivement impactées par la Grande Muraille verte. Le New York Times rapporte que la vie sauvage répond déjà à ce retour de la végétation dans un environnement en majeure partie désertique. Dans certaines régions où ils ne s'arrêtaient plus depuis de longues années, les oiseaux migratoires reviennent, indique le quotidien américain. La nature reprend ses droits. Des débuts encourageants pour un projet qui pourrait, à moyen terme, changer la face du Sahara.



Source : afrique.lepoint.fr


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Sandy
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