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Sarah va être expulsée, la jeune Guinéenne refusait un mariage forcé

  Société, #

Sarah n'aura rien vu de la Belgique. Cette jeune veuve guinéenne qui refuse un mariage forcé est arrivée en Belgique le 29 décembre. Sans visa, et selon l'Office des étrangers, avec un faux permis de séjour italien. Depuis, elle est détenue au Centre fermé de Steenokkerzeel, le centre "Caricole" (90 places) où l'on enferme les personnes interceptées à l'aéroport ou qui vont être expulsée.

C'est là que Sarah a déposé sa demande d'asile. Demande refusée tout d'abord par le CGRA, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides. Sarah et son avocat ont ensuite déposé un recours au du Tribunal du contentieux des étrangers. Là aussi, refus. Une première tentative d'expulsion a eu lieu lieu 23 février. Sarah s'y est opposée, elle a été enfermée pendant six heures dans un local à l'aéroport puis ramenée au centre "Caricole".

Pour sa deuxième expulsion, prévue ce mercredi après-midi, l'association "Getting the voice out" a lancé l'alerte en espérant sensibiliser les voyageurs. Elle voudrait empêcher l'expulsion de cette jeune femme. L'histoire de Sarah est tristement banale, en Guinée en tous cas. Elle a perdu son mari, et son père veut la marier à son beau-frère. C'est la tradition du lévirat : un mariage où le frère d'un défunt épouse la veuve de son frère, afin de poursuivre sa lignée.

Jointe par téléphone à l'intérieur du centre Caricole, Sarah explique qu'elle ne reproche rien à cet homme qu'elle ne connait d'ailleurs pas, mais elle n'en veut pas. Elle aime un autre homme. Elle ne veut pas retourner en Guinée, car son père lui a promis de la tuer puis de se suicider. " Parce qu'il ne veut pas risquer la honte, parce qu'il m'a déjà promise à la famille. Mais moi, je n'épouserai pas mon beau-frère. Jamais".

Ces cas ne sont pas rares, confirme Christine Flamand, la co-responsable d'"INTACT", une association qui aide les demandeurs d'asile dans leurs démarches, et qui s'est spécialisée dans les MGF, les mutilations génitales féminines et les mariages forcés. Le lévirat est en effet une coutume très répandue. "Les femmes subissent beaucoup de violences en Guinée, elles n'ont pas grand-chose à dire".

Elles sont dès lors très démunies quand elles doivent expliquer leur situation, fournir les documents et les explications que les fonctionnaires du CGRA attendent d'elles. "La difficulté, c'est qu'on leur demande de prouver une crainte, ce qui est difficile a prouver," souligne encore Christine Flamand.

La parole des femmes contre la rigueur de la loi ?

"La crainte du mariage forcé est parfois prise en compte, parfois pas, cela dépend des magistrats ou des personnes chargées d'apprécier la demande d'asile". Mais il y a une évolution positive au niveau du cadre légal, explique Christine Flamand.

 

En décembre 2015, la Belgique a adopté la loi de ratification de la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique. Une convention adoptée à Istanbul le 11 mai 2011, et que les Etats ratifient les uns après les autres.

Pour la Belgique, on est dans la dernière ligne droite: le Conseil de l'Europe doit maintenant acter la ratification belge. Cet instrument de droit définit et sanctionne différentes formes de violence contre les femmes. La violence domestique, le mariage forcé, les mutilations génitales, le harcèlement, les violences physiques, psychologiques et sexuelles y sont prises en compte. La convention est contraignante. Les Etats membres sont notamment exhortés à développer une " politique globale, concertée et intégrée" de lutte contre ces formes de violence. Outre la prévention et le suivi, l'accompagnement de la victime doit également être amélioré.

Cette convention accorde aussi une attention particulière à l'accueil, au secours et à l'assistance médicale et juridique, y compris pour les demandeuses d'asile et réfugiées. Un texte que l'avocat de Sarah Traoré aurait aussi pu invoquer, à quelques jours près.

C'est la fin du séjour belge de la jeune veuve guinéenne. Au téléphone mardi, elle redoutait qu'on lui passe les menottes pour son évacuation forcée. Elle ne veut pas rentrer en Guinée, où elle craint les représailles de sa famille. Elle ne veut pas non être expulsée au Liberia via le Maroc, le chemin qu'elle avait emprunté à l'aller, avec une escorte policière belge. Au Liberia elle ne connait personne et craint d'y être arrêtée au sortir de l'avion.



Source : www.rtbf.be


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