L "information semble persistante dans certains milieux. L'une des raisons de la candidature de Lionel Zinsou est qu'il est bien placé voire le seul capable de capter les promesses d'investissement de la Table ronde de Paris. Si l'on n'en fait pas aujourd'hui une raison pour justifier la candidature du premier des ministres béninois, il ne sert à rien de noircir encore des lignes sur la Table ronde de Paris. Car, après l'affaire des agences illégales de placement d'argent dénommée ICC SERVICES et consorts, la tenue de la Table ronde de Paris constitue l'une des plus vastes escroqueries orchestrées sous le régime de la refondation. Sauf que pour cette dernière, l'opération orientée vers les bailleurs et les investisseurs privés étrangers s'est soldée par un fiasco retentissant.

Que Boni Yayi annonce depuis Paris qu'il a mobilisé 20 milliards de dollars pour le financement du développement, cela n'émeut plus les Béninois qui, pour avoir été abreuvés de mensonges d'Etat à satiété, ont fini par ne plus croire en la parole présidentielle. Mais le hic dans cette affaire est que l'homme de Tchaourou a eu le génie d'associer à cette acrobatie, le nom et l'image de Lionel Zinsou. Sans aucun doute, le banquier était très actif dans les discussions au siège de la Banque mondiale à Paris en Juin 2014. Et d'ailleurs, il était bel et bien autour de la Table à l'annonce de la mobilisation de 12 milliards de dollars dès le premier jour de la réunion. Lionel Zinsou dont le discours après la Table ronde a validé les résultats et indiqué même l'engouement des bailleurs à accompagner le Bénin ne pourrait donc ignorer que les montants annoncés par son président reposaient sur une fiction de mauvais goût. A vrai dire, la Table ronde de Paris n'a été qu'une mise en scène ridicule. Née du fantasme de Boni Yayi de recopier son homologue ivoirien dans cet exercice, elle s'est consumée dans un gaspillage de ressources publiques dont le peuple devra lui demander des comptes. Des centaines de millions ont été engloutis dans cette opération. La communication seule a coûté plus de 350 millions de francs CFA.

Que s'est-il réellement passé ?

Le gouvernement béninois était allé à Paris avec l'intention de mobiliser environ " 2300 milliards de francs cfa pour combler le gap de financement de cinq projets phares ", identifiés comme investissements structurants pour booster le développement du pays. Il s'agit du projet de l'épine dorsale comprenant un port en eau profonde, un nouvel aéroport et la construction du chemin de fer, l'aménagement des vallées, la construction d'infrastructures énergétiques, la mise en place d'un hôpital de référence, la Route des Pêches. A ces projets placés sous le sceau du partenariat public-privé s'ajoutent des projets d'investissement public et ceux dits à forte valeur ajoutée portés par le secteur privé.

 Des signes qui ne trompent pas

Mais déjà à Paris, le profil des participants donnait les signes avant-coureurs de la légèreté avec laquelle les PTF ont pris le dossier. Presque tous les pays invités se sont fait représentés par leurs ambassadeurs ou chargés d'affaires en poste à Cotonou. Côté secteur privé, la présence des investisseurs n'était pas à la hauteur de l'enjeu; aucun investisseur sérieux n'a été représenté au plus haut niveau. Même les grands groupes français ont envoyé de commerciaux qui se sont évertués à vendre des produits en lieu et place d'un engagement ferme d'investir sur les projets présentés.

 Et comme on pouvait s'y attendre, au moment de l'annonce des promesses de financement, seules Trois grands groupes de banques ont annoncé des financements à hauteur de 200 milliards de francs CFA, chacune, sans préciser sur quel pôle elles désirent accompagner le Bénin. Tout le reste des bailleurs institutionnels s'est limité à rassurer le Bénin de ce que les requêtes introduites seront examinées avec beaucoup d'attention. La suite est ubuesque. C'est Boni Yayi et son actuel Premier ministre candidat qui s'en sont chargés. Calculatrice et feuille de papier en main, Yayi aurait commencé à énumérer, devant des PTF stupéfaits, des promesses qu'un tel ou un tel absent lui aurait fait, pour finalement aboutir à 12 milliards de dollars. Preuve de cette supercherie, même le 11è FED de l'Union européenne a été recensé comme ayant été décroché à la Table ronde de Paris. La Boucle ferroviaire dont les travaux avaient été lancés, le 8 avril 2014 à la face du monde a été par la suite estampillée Table ronde de Paris. Un diplomate présent dans la salle a même raconté l'anecdote du représentant de la BADEA de qui Boni Yayi voulait coûte que coûte obtenir l'engagement de son institution de financer le bitumage de la route de Boukoumbé. Bien que le représentant ait notifié la volonté de sa banque de réaliser les études pour évaluer les coûts, le président béninois insistait à ce qu'on inscrive un montant de 200 milliards au titre de ce projet. Ahuri par le comportement de Boni Yayi, il a dû insister avant que ce dernier ne se résigne à rayer ce projet BADEA de sa feuille.

Devoir de vérité

La preuve que Boni Yayi et Lionel Zinsou se sont joué des Béninois est qu'ils sont aujourd'hui incapables de décliner les 12 milliards de dollars, selon les projets structurants et les bailleurs ayant donné quitus pour leur financement. Quel bailleur assure la construction du port en eau profonde ? Quel investisseur a pris des engagements à Paris sur le Projet Route des pêches évalué à plus de 1000 milliards de francs CFA ? Qui a promis aux Béninois à Paris qu'il va construire un hôpital de référence ? Ce sont des questions qu'on doit poser à Lionel Zinsou qui devra situer sa responsabilité dans la tenue et toute la mascarade de suivi qui s'organise autour de cette affaire. D'autant qu'aujourd'hui, son mentor en fait allègrement un argument de taille pour inciter encore les femmes bénéficiaires de microcrédit aux plus pauvres à soutenir le nouvel homme à qui il veut remettre la clé de la prospérité du Bénin. Boni Yayi a fait son show pendant 10 ans, il n'est plus question que le pays s'enlise dans les mensonges d'Etat. Sur la Table ronde de Paris, Lionel Zinsou a un devoir de vérité.

 Source : actualites.visages-du-benin.com