La première du spectacle " Un homme mort " a eu lieu ce mardi 07 juillet 2015 à l'Institut Français de Cotonou. Cette création scénique du texte du Français Pascal Adam a été assurée et interprétée par le comédien béninois Joël Lokossou.

Ce nouveau spectacle de Joël Lokossou est un monologue qui met aux prises un président déchu, par le système qui lui avait gracieusement donné le pouvoir, avec sa propre conscience. L'interprétation aura été un instant de souffle tranchant pour un jeu scénique épuré, plein d'aisance et de franchise.

Par une découpe qui douche le visage du comédien à l'entame du spectacle, le public est sensibilisé de sa localisation, il est dans un univers carcéral. Seuls partenaires de scène, un poste radio accroché au mur qui n'émettra aucun son matériel dans la représentation et qui accentue par métaphore, le silence qui vacarme dans le lieu laissant entrevoir le spectacle comme une immixtion dans la tête du président. Le public dans ce cas fonctionne aussi comme une projection du peuple à qui l'ex dirigeant adresse ses mémoires.

Le costume est par ailleurs un langage efficace dans cette représentation. En veste au début du spectacle pour caractériser le pouvoir, la fonction de Président, le comédien perdra au fil du spectacle ce dispositif vestimentaire pour rester un temps dans sa chemise, d'un aspect négligé. En définitive, il se retrouvera à moitié nu. Ceci fait allusion à sa situation d'homme d'Etat ayant tout perdu, livré à lui-même.

A la fin, plongé dans une lumière de feu incandescent, Joël Lokossou pousse un râle brisé marquant la pendaison du président. Situation qui demeure comme l'ultime sanction que peut certes infliger les anciens alliés à leurs amis du pouvoir mais que tout peuple aspirant à une auto détermination devrait réserver à leurs gouvernants balbutiant en ce qui concerne les fondamentaux de la gestion du pouvoir public.

Avec sa double casquette de metteur en scène et de comédien dans cette représentation, Joël Lokossou donne à voir la politique et les méandres du pouvoir dans un Etat ne disposant pas d'une réelle auto gouvernance. La scène invite le spectateur à partager les ratures de conscience d'un président pris entre les souvenirs de sa vie de pantin à la tête de son pays et ses peurs inhérentes à sa condition d'être humain à la croisée de la mort, vendue par l'usure du temps dans une prison. Son histoire, c'est son commerce avec Monsieur V et sa diplomatie pour qui il n'était qu'un jouet qui a peut être un peu trop joué lui-même. Dans cet ordre, " Un homme mort s'inscrit dans l'actualité de nombre de pays africains ".

Outre le fait de prêter son corps, sa voix et un jeu scénique au personnage du président, le comédien incarne également les étrangers artisans de la mainmise du groupe de pression qu'ils représentent. On aura ainsi noté la présence d'autres personnages à l'image de Monsieur V, l'Archevêque... ouvriers des intérêts de leur Etat comme cela se passe avec les Pays du Sud.

Source : www.benincultures.com