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Timbuktu, un film devenu alibi principal de l'intervention de la France au Mali

  Politique, #

Le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, habitué de la Croisette, propose avec Timbuktu un plaidoyer contre l'obscurantisme religieux marquant, qui imprègne les esprits. Cannes est sous le choc.

L'argument : Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football... Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s'en est pris à GPS, sa vache préférée. Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d'ailleurs...

 

Notre avis : Timbuktu n'était pas le film le plus attendu de la compétition cannoise, pourtant, pour le premier jour de la compétition, il a déjà placé la barre haut. Il appartient à cette catégorie des outsiders, petit par le budget et l'absence de noms en tête d'affiche, mais qui repart grandi de sa sélection où il a su susciter l'engouement des festivaliers, de par sa maîtrise cinématographique et ses propos cruellement d'actualité.


Alors que sa structure narrative apparaît sobre et sans artifice, la force du nouveau Abderrahmane Sissako réside principalement dans son discours politique qui fait écho au désarroi d'une partie de l'Afrique, visée par l'intégrisme islamiste. Le cinéaste a posé sa caméra au Mali, plus précisément à Tombouctou (comme le titre l'indique), pour filmer l'horreur de l'obscurantisme religieux, et ici particulièrement les atteintes aux libertés par la police islamique, qui s'est emparé de la ville. Elle circule donc le jour et la nuit, propageant des menaces à l'aide d'un mégaphone, et rappelant les " règles " à respecter dans la ville : les femmes doivent porter des gants noirs, des chaussettes, le football est interdit, la musique aussi, et il est strictement interdit de flâner dans les rues. Face à ces lois autoritaires qui désavouent les libertés de chacun, les habitants de Tombouctou vivent dans la terreur, privés de tout accès à la culture, au savoir...


C'est cette atteinte aux droits de l'Homme, la violence qu'elle génère et l'absurdité des situations endurées par les habitants de la ville qu'Abderrahmane Sissako dénonce avec justesse, tout en évitant de tomber dans un manichéisme grossier ; il nuance et humanise ses personnages, allant même jusqu'à introduire quelques notes d'humour dans un contexte lourd en conséquences. Cela permet à Timbuktu de trouver le parfait équilibre pour éviter le pathos alors que le fond grave et préoccupant se traduit aussi par quelques scènes dures et glaçantes. Le cinéaste appose une douceur éphémère (les relations familiales, par exemple) avec une violence brute (les arrestations, les exécutions). Pour cela, Sissako s'est inspiré de faits divers maliens violents, parfois passés inaperçus, qu'il dénonce à travers sa caméra témoin d'un tiers-monde en déliquescence.


La mise en scène fine et juste d'Abderrahmane Sissako, qui cadre habilement ses sujets et déploie un dispositif technique judicieux (le montage image/son et l'emploi de la musique), touche au plus près le public. Cette oeuvre mérite bien les flots d'éloges reçus sur la Croisette. Il provoquera sans nul doute émoi et indignation chez le spectateur qui se doit, autant par citoyenneté que par cinéphilie, de découvrir ce formidable message d'alerte. Ce film politique volontaire et combatif, symbole de la lutte contre l'extrémisme religieux, a brillamment ouvert les festivités cannoises aux côtés de Mr. Turner de Mike Leigh.

 


avoir-alire.com


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