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Tosi Mpanu : "L'Afrique veut faire réussir la COP21"

  Politique, #

Pour François Hollande et Laurent Fabius, le réchauffement de la planète est un nouveau cheval de bataille. Le ministre des Affaires étrangères qui s'est emparé du dossier - au grand dam de Ségolène Royal, ministre de l'Environnement - répète depuis plusieurs années que c'est le principal danger qui menace la paix du monde. Que la température monte de quatre degrés d'ici la fin du siècle, si rien ne vient contrecarrer le développement des gaz à effet de serre, et non de 2 degrés, objectif visé par la Conférence sur le climat (COP21) qui se tiendra fin novembre à Paris, et les réfugiés climatiques venus d'Afrique et d'Asie n'arriveront plus par milliers sur les côtes du sud de l'Europe, mais par millions, estime Laurent Fabius. L'enjeu est considérable. Ce thème a donc été un des points forts de la traditionnelle semaine des ambassadeurs qui s'est déroulée à Paris du 24 au 28 août.

Le dérèglement du climat a déjà des conséquences sur le continent noir. Ancien président du groupe Afrique aux négociations sur le climat et actuel président du groupe des PMA (pays les moins avancés), le Congolais Tosi Mpanu sera, à Paris, un des négociateurs de la République démocratique du Congo (RDC) lors de la COP 21. Il explique au Point ce que l'Afrique attend de cette conférence.

Le Point.fr. L'Afrique se voit comme la première victime du réchauffement climatique. N'est-ce pas excessif ? De petits pays non africains sont, eux, menacés de disparition...

Tosi Mpanu : C'est vrai que dans les Caraïbes ou le Pacifique, des pays s'estiment encore plus victimes que nous. Mais ce sont souvent des pays à revenus intermédiaires qui disposent de plus de moyens, alors que 35 des 48 pays les moins avancés sont africains. En outre, il ne faudrait pas oublier que l'Afrique et son milliard d'habitants ne sont responsables que de 3 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La Chine est responsable du quart des émissions, les États-Unis de 15 %. Pourtant, l'Afrique paie la note la plus salée : érosion des côtes, disparition de la mangrove, pluies de plus en plus erratiques qui bouleversent l'agriculture, diminuent la production agricole, accélèrent la désertification. En Éthiopie, les Hauts Plateaux se réchauffent et la malaria, inconnue jusqu'alors, y fait des ravages.

Qu'attendez-vous de la Conférence de Paris ?

Pour l'Afrique, la COP21 a trois grands enjeux. Le premier : il faut tout mettre en œuvre pour que le processus de négociation demeure multilatéral. Lors de la conférence de Copenhague, ce processus a été miné lorsque 30 pays (les pays riches plus quelques pays en développement) sur les 196 parties prenantes se sont enfermés dans une salle pour imposer un accord. On s'est révolté, l'accord n'a pas été adopté formellement et depuis on rame.

Est-il possible que cette situation se représente, que la COP21 échoue ?

Elle ne doit pas échouer. Si la conférence de Paris ne débouche pas sur un accord après tant d'années de discussions sur le climat, des pays en profiteront pour demander de revenir aux négociations bilatérales. Nous n'en voulons pas, car l'Afrique verra les donateurs lui imposer leurs priorités. La politique reprendra le dessus et des pays comme le Zimbabwe, le Soudan, l'Érythrée par exemple, ne recevront jamais d'argent.

Quels sont les autres enjeux de la négociation ?

L'Afrique ne veut pas se confiner dans une posture de victime. Un de nos grands soucis est de transformer le changement climatique en opportunité de développement : la COP21 doit nous donner les moyens de nous adapter à la situation. Le continent noir est un réservoir considérable d'énergies de substitution, nous avons le soleil, le vent, la biomasse... Nous disons : " venez investir ". Le groupe africain va faire des propositions sur l'énergie renouvelable. Mais on veut aussi que les moyens que l'on nous donne pour l'adaptation prennent en compte le fait que nous sommes moins développés. Un Américain rejette 20 tonnes de CO2 par an, un Africain, 1,5 t. Si nous devons rester à ce stade, nous ne nous développerons jamais. L'équité doit donc être un maître mot dans la répartition des moyens d'adaptation. Les pays riches ne sont pas sur cette ligne.

Le dernier enjeu est le financement. L'Afrique veut s'assurer lors de la COP 21 qu'il y aura bien de l'argent. On nous dit qu'on va mettre 100 milliards de dollars sur la table. Tous les pays commencent à contribuer, mais certains, les pays en voie de développement, estiment que les pays industrialisés sont les plus responsables des émissions de gaz à effet de serre et polluent depuis plus longtemps. Ceux-ci répondent que des pays émergents, comme le Qatar, Singapour..., polluent plus désormais et sont en outre très riches. L'autre question est aussi de savoir quelle sera la part du secteur privé dans les 100 milliards de dollars. Les Africains souhaitent que soit abandonnée la logique marchande au profit d'investissements à fonds perdu et qu'on oublie les droits de propriété intellectuelle.

Quels sont les plus actifs parmi les pays africains ?

L'Afrique du Sud. Elle a réalisé qu'elle fait partie des Brics et émet, seule, le tiers des émissions de CO2 du continent. L'Égypte, le Ghana, le Mali, l'Angola sont aussi actifs.

Le temps presse, il reste moins de trois mois avant l'ouverture de la Conférence. Va-t-on vers un accord constructif et contraignant pour limiter l'augmentation de température à deux degrés?

La mouture actuelle du texte rassemble des options opposées. Tout avance à pas lents. Il y a tant d'enjeux géopolitiques sur cette question. En outre, si les États-Unis ou/et la Chine refusent de signer, ce sera l'échec. La France multiplie les réunions informelles pour rassembler les points de vue. On s'achemine vers un texte de compromis en trois parties qui laisserait en annexe les points de divergence. Le risque est que ce soit un pétard mouillé alors que l'Afrique veut un feu d'artifice. Et qu'il y a urgence.



Source : www.lepoint.fr


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