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USA : l'injustice de trop

  Politique, #

Rapidement, l'interpellation tourne à l'affrontement. Eric Garner, c'est son nom, est plaqué brutalement au sol par trois agents. L'un d'eux serre si fort la prise qu'il l'étrangle. " J'respire plus ! J'respire plus ! ", hurle le désespéré, asthmatique, dans un souffle. Ce seront ses dernières paroles.

Cinq mois plus tard, c'est l'ensemble de la communauté noire américaine qui ne respire plus. Car le non-lieu rendu, avant-hier, par le Grand jury de New York est ressenti comme l'injustice de trop. Le meurtre d'Eric Garner a été filmé par un passant. Et la vidéo, que les jurés ont visionnée, a été vue par des millions d'Américains sur Internet. Elle ne laisse place à aucun doute. La mère de la victime, en la voyant, a même pensé : " Dieu existe ", persuadée que, cette fois, justice serait faite.

En l'espace de quelques semaines, c'est la troisième affaire de ce type, après celle de Ferguson où un policier blanc a bénéficié, lui aussi, d'un non-lieu. Et le meurtre d'un adolescent de 12 ans à Cleveland. Depuis mercredi soir, les manifestants sont nombreux dans les rues de New York pour les dénoncer.

Sous la présidence Obama, cette dérive prend un relief particulier. Dans son fameux discours sur la question raciale, prononcé à Philadelphie en mars 2008, Obama ne se faisait pas d'illusions. " Je n'ai jamais été assez naïf pour croire que nous pourrions en finir avec notre division raciale en un seul cycle électoral. " Un mandat et demi plus tard, la question des discriminations revient brutalement au premier plan.

Un préjugé tenace aux États-Unis

Les affaires n'expliquent pas tout. Les statistiques parlent. Le contrôle au faciès ? Il est, à New York, cinq fois supérieur pour les noirs que pour les blancs. Les prisons ? Alors que la communauté noire ne représente que 10 % de la population, elle constitue plus du tiers de la population carcérale.

L'état de droit, la seule arme contre les discriminations, est une conquête de tous les jours. Et après autant d'affaires, elle passe par une sérieuse remise en cause des pratiques policières. Souvent surarmés, largement désinhibés par la culture des armes et de la force, les policiers new-yorkais vont devoir rendre des comptes. C'est d'ailleurs la seule vertu du non-lieu dans l'affaire de Staten Island : il vient de déclencher une enquête fédérale. Elle peut permettre au pouvoir exécutif de mettre le nez dans un domaine d'ordinaire délégué aux États.

Dans un pays qui s'est forgé dans la lutte pour les droits civiques, dans une démocratie qui s'est choisi un président noir, dans une société qui n'a aucun tabou sur les statistiques ethniques, un fait demeure. Le préjugé racial est tenace. Et comme pour l'émancipation féminine toujours menacée, le dépassement des préjugés demande un effort collectif.

Il y a encore trente ans, nos regards européens auraient attribué l'affaire à la violence structurelle de la société américaine. Cette fois, la mort injuste d'Eric Garner nous parle plus directement. Sans doute parce que nos sociétés ont fait des progrès contre les préjugés. Mais beaucoup reste à faire. Le délit de faciès, par exemple, nous concerne, et comment ! Ce que nous dit l'Amérique, c'est qu'une élection ne fait pas l'état de droit car ce dernier est l'affaire de tous. Vraiment de tous.

ouest-france.fr


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