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Vers l'émergence d'un " Ouagawood " au Burkina Faso

  Société, #

En plusieurs points, cela ressemble au cinéma populaire nigérian et cela qui n'a rien de très flatteur. Dans des films aux titres accrocheurs tels que Traque à Ouaga, Un fantôme dans la ville ou encore Faso Furie, la réplique et le jeu d'acteur manquent souvent de naturel.

Le cadrage, l'éclairage et le son laissent parfois aussi à désirer. Cela n'a rien d'étonnant quand on sait que les réalisateurs les plus emblématiques de cette " nouvelle vague " ne sont pas des professionnels du métier. Et pourtant... ils tournent et sont plus féconds que leurs aînés.

Le cinéma dit " low cost ", qui a fait son apparition au milieu des années 2000, ne cesse de rencontrer l'adhésion grandissante des burkinabès, amateur d'images réalisées dans leur pays.

Qu'importe la perfection technique que l'on connaissait aux " grands ", ce " théâtre filmé ", comme disent les puristes de l'esthétique, attire un flot de spectateurs à la recherche d'un bon divertissement du week-end, où le comique de situation et de langage ponctue chaque action.

Dans les salles obscures du Burkina, la consommation de ce cinéma national est rentrée dans les habitudes, au point qu'il est parvenu à évincer l'hégémonie des films hollywoodiens.

Des titres racoleurs

Pour y parvenir, le cinéma " low cost " n'a pas eu peur de se lancer sur des thématiques jusqu'alors peu explorées par les productions locales, comme la comédie romantique, le film d'action action ou même le thriller.

En réalité, aucun domaine n'est écarté. Mais le thème qui récolte tous les suffrages est celui de la comédie sentimentale avec ses titres assez racoleurs comme Congé de mariage, Je veux ta femme, Les amants infidèles...

Sans complexe, les prétentions budgétaires ont été revues à la baisse pour pallier la baisse du financement nord-sud essentiellement pourvu par les quatre grands bailleurs internationaux qu'étaient l'Union européenne, l'Organisation internationale de la francophonie, le ministère français des affaires étrangères et le Centre national du cinéma français.

Une grosse production locale comme Buud Yaam, dernière réalisation burkinabè (Gaston Kaboré, 1997) à avoir remporté l'Etalon de Yennenga, le grand prix du Fespaco, avait coûté au total 1,2 milliard de francs CFA (1,8 million d'euros). Aujourd'hui, les films qui caracolent en tête du box-office ont un budget qui ne dépasse pas 30 millions de francs CFA (45 000 euros).

Une dizaine de studios

" Ce type de cinéma est celui qui correspond le plus à nos réalités et à l'économie cinématographique de notre pays ", estime Bertrand Kaboré, secrétaire général de l'association Succès Cinéma, généreusement financée par la coopération suisse. Depuis 2012, celui qui est par ailleurs frère cadet du dernier lauréat national du Fespaco a pour mission de soutenir cette industrie des films " low budget ". Le principe est simple : les trois meilleures réalisations de l'année sont respectivement dotées de 20, 15 et 10 millions de francs CFA (30 000, 22 500 et 15 000 euros). Et les heureux gagants ont l'obligation tacite d'utiliser cette somme pour faire un nouveau film.

Ce coup de pouce providentiel vient favoriser l'activité des cinéastes burkinabès qui ont choisi ce genre de film. D'une activité cinématographique en voie de disparition, on est désormais passé à des livraisons régulières d'une demi-douzaine de films par an. Aux côtés des deux précurseurs du genre que sont Boubakar Diallo (Les Films du dromadaire) et Zida Boubakar Sidnaba (Savane Production) - tous deux sont également patrons de presse - une dizaine de studios sont venus fleurir le " Ouagawood ".

Fin connaisseur du 7e art

Le Ouagawood tourne donc à plein régime. " Cette initiative permet de bâtir une économie du cinéma low cost. Bien conçue, cette approche commerciale peut construire une industrie cinématographique ", considère Michel Ouédraogo, délégué général du Fespaco de mars 2008 à décembre 2014. Ce fin connaisseur du 7 e art burkinabé plaide pour la mise en place d'une structure qui engage plus largement l'Etat, les banques, les gens du cinéma et le public afin de parvenir à ce qu'il choisit d'appeler un " Fasowood ".

" On ne peut pas se passer d'une intervention de l'Etat, renchérit pour sa part Boubakar Diallo, déjà père d'une quinzaine de réalisations. Nollywood marche parce que c'est du pur business. Il nous faut créer un marché intérieur dynamique. " Une condition nécessaire si Ouagadougou entend rester la capitale du cinéma africain.


lemonde.fr


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