Société, # |
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Un simple détour par Dakar (ou par Youtube) suffit d'ailleurs à comprendre le phénomène d'appropriation du leumbeul dans la culture afro-américaine. Cette danse érotique sénégalaise, dérivée du sabar traditionnel, consiste à exalter l'audace et l'expression corporelle en exhibant des déhanchements et autres mouvements de bassin provocateurs à très grande vitesse. Dans un article publié en juillet 2015, Libération faisait déjà le lien entre Miley, leumbeul et sabar en relayant les commentaires des médias et des forums sénégalais interloqués devant l'américanisation d'une tradition sénégalaise : "Leur twerk-là, c'est du leumbeul à l'américaine" ou encore : "C'est quoi cette nouvelle danse qui dénature nos traditions??". Dans le même article, les propos de la chorégraphe sénégalaise Fatou Cissé contextualisaient plus précisément le caractère libératoire de cette danse traditionnelle :
Lundi soir, un journaliste du Figaro a tenté de chroniquer le dernier clip de Rihanna et Drake. Et depuis la mise en ligne de l'article, Twitter gronde à cause d'une affirmation aussi ridicule qu'erronée perdue au milieu du papier : "On reconnaîtra par ailleurs quelques esquisses de twerk, la danse créée par Miley Cyrus". Si la phrase a rapidement été effacée du site du Figaro, Twitter n'a pas tardé à réagir pour se moquer de l'improbable affirmation de l'article. Ce mardi matin, Miley Cyrus était carrément le deuxième sujet le plus discuté sur le réseau social. Car si la chanteuse américaine a bien participé à la popularisation du twerk, notamment grâce à sa performance gênante lors des MTV Video Music Awards 2013, les origines de cette danse remontent évidemment bien plus loin dans le temps et dans l'espace. Du leumbeul au twerk
Au Sénégal, de nombreux scandales ont accompagné la constante hypersexualisation de la danse du ventilateur. Le plus célèbre, celui de "Goudi Town", avait conduit des danseuses professionnelles devant les tribunaux du pays en 2005 car elles faisaient al promotion d'"un sabar porno". Dans le même schéma contradictoire qui mélange besoin de libération et conservatisme puritain, l'appropriation culturelle du twerk pose une question identitaire dans la société américaine. Certains commentaires n'hésitent pas à dénoncer la vulgarité d'une danse misogyne et dégradante tandis que les pop-stars blanches sont souvent accusées de spolier la culture afro-américaine quand elles se risquent à quelques booty-shakes lascifs. Signe de la schizophrénie ambiante, Donald Trump a récemment confessé qu'il était fan des twerks de Miley.
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