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Zeste d'Afrique #3 : quand la cuisine africaine fait les yeux doux aux bobos

  Culture & Loisirs, #

Trop grasse, mal présentée, trop épicée... Voilà comment est souvent perçue la cuisine africaine par les non-initiés. Mais pour les faire changer d'avis, certains entrepreneurs franciliens originaires d'Afrique ont choisi de travailler les saveurs africaines différemment. Tout en gardant leur essence.

Situé dans le XIIe arrondissement de Paris, le restaurant Couscous Deli a été fondé par Mathilde Lenoir et Amina Kellou, qui ont grandi respectivement au Sénégal et en Algérie. Les deux restauratrices proposent notamment dans leur carte un plat qui plaira aux adeptes du régime sans gluten. " Nous servons un couscous composé d'un mélange de maïs et de riz - faisant office de semoule -, accompagné de viandes et d'un bouillon de légumes frais ", explique Mathilde avant d'évoquer son couscous végétarien, " très apprécié " par la clientèle.

" Pour le préparer, nous ne cuisons pas la viande dans le bouillon et nous n'utilisons pas de graisse animale. En semaine, ce couscous représente en moyenne 50 % de nos commandes ", détaille-t-elle.

Une cuisine africaine diététique pour conquérir les Européens

Le couscous reste toutefois un plat totalement intégré dans les habitudes culinaires franciliennes. Ce qui n'est pas forcément le cas des recettes issues d'Afrique subsaharienne. Originaire du Gabon, le chef Anto cuisine à domicile pour des clients " à 99 % européens ". Son credo ? Garder le côté traditionnel de ses plats tout en les adaptant à sa clientèle.

Pour ce faire, elle explique qu'" il faut savoir alléger car les Européens font beaucoup plus attention à l'aspect diététique que les Africains ". Mais la cuisinière soigne aussi la présentation : " Dans de nombreux restaurants africains, le dressage de l'assiette n'est souvent pas à la hauteur des attentes même si le goût y est ", souligne la spécialiste du sanglier à l'odika - ce fruit de l'acacia au goût de chocolat.

Un avis partagé par Kossi Modeste, rédacteur en chef d' Afro Cooking, magazine culinaire distribué dans 7 000 kiosques français. " De nos jours, les clients mangent d'abord par les yeux. J'invite ainsi les restaurateurs et les spécialistes de la cuisine africaine à faire un effort sur le stylisme culinaire. "

Des mets africains haut de gamme

Pour Joe-et-Avrels, l'aspect visuel est également un facteur primordial pour séduire. Fondée en juin 2016, cette marque propose des produits gourmets africains dans des épiceries fines de la capitale. Velours de noix de cola, velours de fleur d'hibiscus, crème de piment, crème de safou... Tout est confectionné par la créatrice culinaire Nathalie Schermann, chef originaire du Congo passé par les cuisines du Trianon Palace. Des produits haut de gamme qui seront d'ailleurs distribués prochainement aux Galeries Lafayette.

" Les Africains ne forment pas le cœur de notre cible, pointe Paulina Cortes, co-fondatrice de la marque. Nous nous adressons principalement aux CSP + et aux personnes qui consomment déjà des produits d'épicerie fine. " Dans cette optique, un soin tout particulier est apporté à l'emballage des denrées. " On retrouve souvent sur les produits africains du jaune, du vert, des images de masque, de lion ou de savane. Nous voulons ainsi sortir de ces clichés en proposant un packaging plus élégant ", ajoute Paulina.

Des croisements culinaires qui font débat

Originaire du Niger, Halima Bako accorde aussi une grande importance au dressage de ses préparations qu'elle présente notamment sur son blog Cooking Hali. Depuis février dernier, la trentenaire organise aussi des afro-brunch un dimanche par mois. Un moyen de montrer que la cuisine africaine peut être " élégante " : " Les gens n'osent pas forcément aller dans des restaurants africains quand ils ne connaissent pas. J'ai donc décidé d'amener la cuisine africaine dans des lieux où les gens ont leurs habitudes. Avec les afro-brunch, je casse aussi les codes en proposant des recettes qui mélangent la cuisine africaine avec d'autres cuisines (par exemple : son taboulé de manioc aux fruits à découvrir dans notre vidéo, ndlr) que ce soit dans la manière de présenter ou de préparer. "

Cette cuisine afro-fusion ne fait toutefois pas l'unanimité chez certains spécialistes. " Ceux qui font la fusion sont souvent des jeunes d'origine africaine qui ont grandi en Europe, souligne chef Anto. Ils se retrouvent pris entre deux feux et mélangent plusieurs influences alors même que la cuisine africaine est loin d'avoir été totalement exploitée. "

Kossi Modeste renchérit : " Il n'y a pas que le mafé et le poulet yassa dans la cuisine africaine. Il existe en effet une multitude de recettes et de produits que nous devons encore faire découvrir avant de les mélanger à d'autres cuisines. "

 


Source : Le Point Afrique


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