Le Premier ministre Lionel Zinsou et l'homme d'affaire Patrice Talon se sont qualifiés mardi pour le second tour de la présidentielle béninoise, le 19 mars prochain. Un duel de style, pour une élection à l'issue incertaine.

Le premier tour de la présidentielle béninoise a rendu son verdict. Parmi 33 candidats, l'actuel Premier ministre Lionel Zinsou (28,44 %), et le magnat du coton Patrice Talon (24,80 %) sont arrivés en tête selon les premiers résultats quasi-définitifs annoncés mardi matin.

Le Conseil constitutionnel doit encore confirmer ces résultats, mais les deux hommes se dirigent vers un second tour le 19 mars prochain.

 

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- CENA Benin (@Cenabenin2016) 8 mars 2016

?Lionel Zinsou, le candidat du président sortant Thomas Boni Yayi

A 60 ans, Lionel Zinsou a découvert la politique il y a huit mois. Diplomé de l'Ecole Normale Supérieure, le Franco-Béninois a été appelé par le président Thomas Boni Yayi pour briguer le poste de Premier ministre, à la surprise générale. Quelques mois plus tard, il et se retrouve propulsé comme candidat du parti des Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE) lorsque le président sortant annonce qu'il ne briguera pas un troisième mandat.

C'est plutôt dans la sphère financière que ce banquier d'affaires a fait ses armes : après avoir travaillé chez Boussois-Souchon-Neuvesel, groupe qui fusionnera avec Gervais Danone, il a également été collaborateur à la Banque Rotschild et au fonds d'investissement Paribas Affaires industrielels (PAI).

Pour autant, Lionel Zinsou a un peu d'expérience en politique, mais en France il a notamment été l'une des plumes de Laurent Fabius lorsqu'il était Premier ministre entre 1984 et 1986. Ce dernier soigne également ses relations à droite, participe à des conférences organisées par l'UMP ou rencontre le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en 2005.

Ces accointances lui donnent le profil du Bénin de " candidat de la France ". Début janvier, une coalition de personnalités du monde politique et syndical, menée par l'ancien chef de l'État Nicéphore Soglo, a affirmé que la candidature de Lionel Zinsou était un "complot politique qui se profile" et réclamé des explications de la part de la France sur ce "parachutage". Des attaques " inacceptables ", due à sa couleur de peau, plus métisse que noire, selon le Think Tank "L'Afrique des Idées".

?Patrice Talon, du coton à la présidence ?

En face, l'outsider n'est autre que l'homme le plus riche du Bénin. Avec 400 millions de dollars, Patrice Talon, 58 ans, est le 15e plus riche milliardaire d'Afrique francophone subsaharienne selon Forbes. Une fortune qu'il doit à ses activités dans la filière d'intrants agricoles, principalement le coton.

Soutien indéfectible du président Thomas Boni Yayi dans les années 2000, leurs relations se troublent pourtant dès 2011 lorsque le président lui reproche sa mauvaise gestion de la Société de développement du coton (SODECO), dont il avait pourtant fait l'acquisition de plusieurs usines étatiques en 2008.

La rancoeur est allée plus loin : à deux reprises, Patrice Talon est s oupçonné de tentative d'empoisonnement et d'assassinat du président, en octobre 2012 puis février 2013.La république du Bénin a décidé de se porter partie civile sur cette affaire début 2016, alors que l'affaire semblait enterrée après une médiation menée par l'ancien président du Sénégal Abdou Diouf.

Une guerre personnelle entre Thomas Boni Yayi et Patrice Talon, qui participe à la réputation sulfureuse du candidat, à qui on prête des envies de victoire pour se venger.

?Un troisième homme, Sébastien Ajavon, "faiseur de roi" ?

Alors que le taux de participation du premier tour s'élève à 65% pour ce petit pays de 4,7 millions d'habitants, l'issue du second tour reste très incertaine.

Les deux hommes pourraient être départagés par un troisième : le riche homme d'affaire Sébastien Ajavon. Avec 23,03 %, celui qui échouerait aux portes du second tour, si les résultats sont confirmés, n'a pour l'heure rien laissé transparaître. Souvent présenté comme "le plan B" de Thomas Boni Yayi, le candidat a plusieurs fois affirmé son indépendance, et a été soutenu par de nombreux cadres du FBCE, mécontent du choix du président de nommer Lionel Zinsou comme représentant du parti à l'élection.