Félicité et Espérance, deux sistas Angolaise et Congolaise, nous dépeignent le mode de vie et de pensée version communauté Afro-Caribéenne résidant en France. Il est intéressant d'observer combien nous sommes si proches, tout en défendant le contraire. Exemples, tests, comparaisons, exercices, dictionnaire, pour décrypter nos comportements à travers les chapitres dominants de notre quotidien: la famille, le bled, la télévision, l'école, en cuisine, la vie sociale, au boulot, en soirée, le langage etc...ah oui, j'oubliais ! Les vécus de clichés dont nous avons tous fait l'objet. Tout le monde s'y reconnaîtra ou devrait, à moins de ne pas être vraiment noir.

Outre le côté humoristique, il faut s'attarder sur la partie sociologique de ce livre qui démontre combien les vagues de migrations, sont à l'origine des caractéristiques, des besoins, de nos attitudes en grandissant. Il y a une catégorie de frèros qui reproche aux femmes noires de tout dévorer au restaurant. Ce n'est ni par manque de tenue, manque de savoir-vivre, ni par désir écrasant de plumer les prétendants, mais tout simplement parce que ce sont des plaisirs de la vie auxquels nous n'avions jamais accès ! C'était normal pour nos copines Françaises d'aller au restaurant, au cinéma, de partir en vacances avec leurs familles, mais pour nous, c'était juste des rêves, des objectifs que l'on se fixait : " quand je serai grande, moi aussi j'irai au resto, le frigo il sera blindé de marques " etc. Plus tard, lorsqu'une invitation au resto se pointait, il fallait donc en profiter car c'était peut-être l'unique.

La France nous avait fait venir comme main d'œuvre bon marché et nous a " accueilli ", traité comme du bétail, parqué dans des étables, appelées : cités. Je garde un très mauvais souvenir de cette époque où le Français, le blanc, était un modèle physique, financier, social auquel on s'identifiait avec grossièreté et ridicule, car nous n'étions pas " eux " et que Dieu ne nous avait pas créé pour que nous le devenions. A cette époque, j'avais honte que l'on puisse me comparer à une Africaine. Horrible à dire !!! Les Africains, comme je l'entendais de la bouche des Antillais, étaient " des gens de la brousse, des sauvages ". On insistait pour que je dise " je suis Guadeloupéenne, c'est la France, je suis Française ". On dit que la différence est une richesse mais notre cohabitation désastreuse prouve qu'il n'en est rien. C'est plutôt le respect de la différence et l'intérêt qu'on lui manifeste qui fait en fait une richesse. Oups ! Je vais trop loin.

Pour revenir au livre, je le présente afin de saluer l'initiative originale de nos sisters qu'elles ont mené jusqu'à la concrétisation, quand bien d'autres idées restent au placard. Il se lit vitesse grand V, mais please, pas seule dans les transports en commun car les sourires, voir plus, sont au rendez-vous presqu'à chaque page. On n'oublie pas d'en parler autour de soi.

Big up les sis !

"Comment savoir si vous êtes noir" de Félicité Kindoki et Espérance Miezi. Editions "J'ai Lu" 6 euros.

NLC pour "Femmes Noires Authentiques et Amoureuses".