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Construire vite et bien, l'urgence de l'Afrique

  Politique, #

Luanda, capitale de l'Angola, explose sous la pression démographique, tout comme sa proche banlieue. Une conférence à Paris fait un tour d'horizon, utile pour les autres mégalopoles africaines menacées par le chaos urbain. Le développement anarchique des mégapoles africaines, au cœur des débats du Forum Economico, qui s'est tenu fin septembre à Paris, a réuni des maires de villes angolaises, des entrepreneurs africains et français en Angola ainsi que de grands acteurs économiques européens, spécialistes de l'aménagement urbain.

Luanda compte déjà plus de 6, 5 millions d'habitants et s'apprête à en accueillir 2,5 millions de plus d'ici 2025. Son défi, reloger les habitants du bidonville géant de Sambizanga, édifier une ville moderne plus fonctionnelle, conviviale et durable, qui tient compte de l'héritage architectural portugais du dix-huitième siècle. Ce défi concerne toute l' Afrique.

80 % des Africains n'ont pas accès à un logement décent

Selon les chiffres des Nations unies, la population urbaine dépassera 500 millions d'habitants d'ici à 2020, alors que 40 à 90 % d'entre eux vivent encore à ce jour dans des bidonvilles. D'entrée de jeu, Etienne Giros, président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), dresse un état de la situation : " La population des villes africaines croît deux fois plus vite que celle du reste du pays. Si rien n'est fait demain, cette population finira dans la misère et, faute d'espoir, cherchera un nouvel horizon dans l'émigration. Il faut que les villes puissent fixer leurs habitants. Or, une ville comme Lagos va quadrupler sa population d'ici à 2050. "

L'entrepreneur Thierry, Pepe, directeur de Séché Environnement, souligne que " plus de 80 % de la population africaine n'ont pas accès à un logement décent. Et comment se fait-il que certains loyers à Luanda atteignent 10 000 dollars par mois pour un appartement ! ", s'étonne-t-il. Etienne Giros propose une réponse technique : " Sans doute faut-il accélérer les procédures. En Afrique, il se passe en moyenne sept ans entre l'annonce de l'idée du projet d'infrastructure et le premier coup de pioche. "

Du côté des édiles africains, chacun à son approche. Natividade Silva, adjoint au maire d'Icolo e Bengo (60 000 habitants), cité de la périphérie de Luanda (Angola) : " Notre ville a une importante composante rurale. Tout y est difficile : l'approvisionnement en eau, les transports. Tout est à faire. On peut commencer à bien organiser les choses dès le départ. Et j'ai mon idée sur les énergies renouvelables. Nous sommes obligés chez nous de couper beaucoup d'arbres pour nos besoins domestiques et de chauffage. Ce qui est dommageable. Nous avons ainsi lancé une expérience pilote d'un ensemble résidentiel alimenté par l'énergie solaire. "

Pour Manuel Mateus Caterca, maire de Viana, dans la banlieue nord de Luanda, en Angola, " la réalité africaine, c'est d'abord une structure urbaine issue de la colonisation. Nous voulons des infrastructures pour que les Africains aient une qualité de vie équivalente à celle des Européens ". Victor Cardoso, directeur du Bureau de soutien aux entrepreneurs de Luanda, nous indique que " Viana va se doter d'un grand pôle industriel et d'une zone commerciale qui seront achevés en 2017. C'est un partenariat public privé (PPP). 70 % du projet ont déjà été livrés et actuellement, c'est la partie résidentielle qui est en construction avec un hôpital privé et un grand centre d'affaires ".

Des modules de 30 m2 en bois

Pour illustrer son propos, ce dernier nous montre en images des ZUP ou de ZAC, telles qu'on en voit partout en Europe. Valérie David, directrice du développement urbain chez Eiffage, imagine une solution bien différente : " Face aux bidonvilles, nous avons conçu une réponse industrielle, basée sur du bois, avec des modules d'habitation de 30 m2, qui peuvent s'ajouter les uns aux autres. C'est un habitat aux normes européennes. Or, l'Afrique ne manque pas de bois. Elle en exporte et ne le transforme pas pour son compte. On peut réaliser ce projet industriel avec les forêts du continent, exploitées de façon durable. "

Guillaume Josse, directeur général du groupe Huit (Groupe Keran), ne croit pas, lui, à cette solution : " Il faut faire avec les villes africaines telles qu'elles sont. On ne les changera avec du neuf du jour au lendemain. La clé du problème est, je le crois, dans la rénovation urbaine et l'autoconstruction. Les municipalités doivent aussi reprendre le contrôle du foncier. Or, ces dernières, non seulement ne disposent pas d'informations fiables, pas de cadastre, mais manquent aussi de ressources fiscales. Ayant bien du mal à collecter des taxes, elles peuvent difficilement emprunter. "

Le mot de la fin revient au maire de Viana : " En Angola, la terre appartient à la population. Nous, les Africains, nous aimons avoir un jardin, nous n'aimons pas vivre dans des immeubles. C'est pour ça que l'autoconstruction, c'est très important ! "



Source : www.lemonde.fr


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