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Vidéo contre Exhibit B, Non à la soumission, à l'humiliation, à l'infantilisation

  Politique, #

A 18h, devant le théâtre Gérard Philippe, à Saint Denis, une petite foule s'est rassemblée. Sur les pancartes, "Non à la soumission, à l'humiliation, à l'infantilisation", "Le retour à une sombre page de l'histoire", ou "Je ne suis pas un objet". Ces gens, très majoritairement des noirs, sont venus manifester contre Exhibit B, une performance de Brett Bailey, qui se tient du jeudi 27 au dimanche 30 dans ce théâtre. Cet artiste sud-africain blanc propose à ses spectateurs des "tableaux vivants" qui mettent en scène des comédiens noirs pendant la période coloniale. Depuis quelques semaines, une pétition circule pour faire annuler cette installation jugée raciste, qui est également prévue au Centquatre du 7 au 14 décembre prochains. Mais les directeurs de ces deux lieux culturels, ainsi que les maires de Saint-Denis et de Paris, la ministre de la Culture et des associations comme le Mrap ou la Licra ont apporté leur soutien à l'artiste et à ses comédiens, tous noirs et habitant l'Ile-de-France.

"C'est une 'performance', pas une exposition"

La plupart des manifestants n'ont pas vu l'exposition. Et pour cause, les premières représentations ont lieu le soir-même. "Mais je n'ai pas besoin de la voir, je n'ai pas envie !", lance l'une d'entre eux. Caroline, elle, l'a vu. Elle en est ressortie bouleversée, les larmes aux yeux :

 

 

" Les spectateurs sont au départ assis sur une banquette, et on leur donne un numéro. Ensuite, on vient les chercher un par un, et ils déambulent dans différentes salles du théâtre durant une vingtaine de minutes. Dans chaque salle, les comédiens noirs représentent un personnage immobile. Et sous ce tableau vivant, un texte remet à chaque fois en contexte, pour expliquer qui est ce personnage."

Elle parle d'une "expérience". Le premier tableau, le spectateur est comme enfermé dans une cage ; devant lui, une femme, assise sur une chaise. Sur l'écriteau, on explique que cette femme a été séparée de sa mère alors qu'elle était enfant, puisque celle-ci était blanche, et que son père était noir. Une situation inconcevable sous l'apartheid. "Le regard des comédiens est si intense qu'il nous renvoie à ce que ça fait d'être dominé, il nous renvoie à notre position de colonialiste", rapporte Caroline.

Mais pour beaucoup de personnes venues manifester, ce spectacle se résume à "des noirs en cage". Un thème qui renvoie aux "zoos humains" du XIXe siècle, qui se tenaient durant les expositions universelles et les foires, et où des Blancs venaient voir des noirs ou des personnes de couleur dans des cages. Si l'œuvre n'est pas sans rappeler ces expositions colonialistes, elle prétend, au-delà de les reproduire, les dénoncer. Mais la manière dont Brett Bailey s'est emparé du sujet déplaît, notamment à cette jeune femme blanche venue soutenir le collectif contre Exhibit B :

 

" On ne reproche pas à l'exposition de parler des zoos humains, on lui reproche de faire des zoos humains."

Pour Fatimata, on ne fait qu'exposer "la réalité". La jeune fille noire a son billet pour la représentation de ce soir. "Pourquoi on pourrait parler de l'esclavage et du colonialisme en film et pas dans une exposition ? Il n'y a rien de choquant ! C'est triste, mais c'est la réalité !" Pour Victoria, qui elle aussi attend à l'entrée, les mots pour parler d'Exhibit B ont ici toute leur importance :

 

" C'est une 'performance', pas une exposition. On ne fait pas juste 'exposer' des Noirs. "

Débat sur le trottoir

L'ambiance est relativement calme sur la place. Mis à part les quelques leaders plus virulents qui scandent des slogans dans leur haut-parleur, les manifestants discutent entre eux, et avec les passants qui s'arrêtent, intrigués par cet attroupement. "C'est dommage que l'on discute sur le trottoir", regrette une dame qui tente de convaincre son interlocuteur qu'Exhibit B n'a rien de raciste. Elle évoque la tenue d'un débat plus institutionnel qui aura lieu vendredi soir. Pendant ce temps, derrière un micro, les manifestants se succèdent pour exprimer leur indignation :

 

 

" Il est intolérable qu'en 2014, pour dénoncer le racisme, on mette des gens en cage ! "

"S'il avait été noir, ça aurait été différent"

La "représentation" des noirs dans cette performance, vue comme humiliante, n'est pas acceptable selon le collectif. Gladys dénonce une image "encore et encore négative" des femmes et des hommes noirs. "L'attention est peut-être bonne, admet-elle, mais la communication est catastrophique". Avant d'ajouter :

 

 

" Si on reproduisait un simulacre des camps nazis, ça ne passerait jamais ! "

Une comparaison que l'on entend beaucoup parmi les manifestants. Certains reprochent également à Brett Bailey de parler de quelque chose qu'il ne connaît pas, comme le fait remarquer Erika :

 

" Je ne dis pas que l'auteur est raciste. Mais je m'interroge sur sa légitimité à parler de ça. Il s'approprie l'histoire des noirs. C'est de la récupération ! "

"S'il avait été noir, ça aurait peut-être été différent", conclut-elle. Brett Bailey, d'origine sud-africaine, a pourtant lui aussi vécu l'apartheid, qu'il combat depuis longtemps. Mais "de son point de vue de blanc", reproche un autre manifestant. Des réflexions qui laissent sans voix une mère de famille de Saint-Denis, de passage sur la place :

 

" Ces gens refusent l'universalisme. Qu'est-ce que ça veut dire ? Que seulement les Noirs pourront parler de l'apartheid, et seulement les Juifs de la Shoah ? Je trouve ça triste, surtout dans une ville comme Saint-Denis."

Une demi-heure environ après le début du rassemblement, les barrières tombent. Un groupe tente alors de pénétrer dans le théâtre, vite arrêté par la sécurité puis par les CRS. L'une des portes vitrées est cassée. "Pourquoi ils ont fait ça, c'était censé rester pacifiste", s'indigne l'un des manifestants, resté en marge. Les portes resteront fermées tout le reste de la soirée, empêchant ainsi les spectateurs d'entrer ou de sortir. Sur les sept représentations, seulement deux auront lieu. Les spectateurs semblent vraiment déçus : "Vous avez le droit de vous exprimer, mais vous n'avez pas le droit d'empêcher de voir un spectacle", affirme l'un d'eux.

lesinrocks.com

http://www.black-feelings.com/accueil/detail-actualite/article/non-un-zoo-de-noirs-nest-pas-de-lart-petition-contre-lexpo-a-paris/

 

 


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