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Culture & Loisirs, # |
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La réflexion qu'entend susciter le Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine (NMAAHC) revêt une importance cruciale à quelques semaines de l'élection présidentielle, dans un pays secoué à intervalles réguliers par les tensions raciales. Un projet de musée centenaireL'idée d'ouvrir dans la capitale fédérale américaine un musée consacré à l'histoire des Afro-américains remonte à "il y a plus de 100 ans", explique la Smithsonian, institution privée qui gère la plupart des musées de la ville, dont le dernier venu. D'anciens combattants noirs américains, excédés par la discrimination, créent en 1915 une "commission des citoyens de couleur" ayant pour but de créer un monument qui célèbrerait leur contribution dans l'histoire américaine. "Ce jour heureux est issu d'un siècle d'efforts saccadés et contrariés pour commémorer l'histoire afro-américaine", a résumé Lonnie Bunch, directeur du musée, lors d'une présentation à la presse.
© Jim Lo Scalzo/EPA/MaxPPP
34.000 objets à exposerCasque noir et gants rouges aux cuirs craquelés de Mohamed Ali, veste noire brillante de Michael Jackson, voiture verte d'un train qui opérait sous la ségrégation... Les objets hautement symboliques sont nombreux. Le musée a construit "une collection destinée à illustrer les principales périodes de l'histoire afro-américaine", précise le Smithsonian, de l'esclavage à la période contemporaine, en passant par la conquête des droits civiques. L'édifice se divise en deux parties : la première souterraine, consacrée à l'histoire et l'émancipation des Noirs, la seconde, aux étages supérieurs, à la culture et à la société. L'identité noire américaine n'est pas une et une seuleLe musée "répond à un besoin urgent d'expliquer les trajectoires complexes, les accomplissements et la persévérance presque impossible que les Noirs incarnent", pour faire évoluer le récit que fait l'Amérique de sa propre histoire, estime Thomas DeFrantz, responsable des études afro-américaines à l'université Duke. Surtout, juge-t-il, cela pourrait contribuer à faire baisser la température après des années de tensions raciales exacerbées par l'enchaînement des bavures policières. Même s'il ne sera pas un remède miracle à plusieurs siècles de racisme et de discriminations. "Il ne pourra rien", déplore Thomas DeFrantz, "pour cette policière blanche qui a abattu un homme noir non armé à Tulsa (vendredi), tant qu'elle ne comprendra pas la source de sa peur et de son reniement abject de l'Homme noir". Que pèsent alors les statues de Michael Jordan ou la trompette de Louis Armstrong, parmi les symboles affichés de la contribution des Noirs dans l'histoire américaine, face au poids du passé ? Le musée montre "que les Noirs étaient là depuis le début" et que les générations actuelles se sont construites sur cet "équilibre entre oppression et combat contre l'oppression", analyse Paul Gardullo, responsable d'une exposition culturelle. "L'identité afro-américaine est complexe. Elle est différente selon la région où vous vivez et à travers le temps. Il n'y a pas une seule identité" noire aux Etats-Unis, résume-t-il. "Mais l'histoire des afro-américains est centrale dans l'histoire américaine". Une exposition sur "esclavage et liberté", une autre sur l'activisme contre la ségrégation racialeMais "comment raconter l'indicible ?", demande Nancy Bercaw, commissaire de l'exposition "esclavage et liberté", située au niveau le plus bas. En "créant des espaces" et une "tension" entre les objets juxtaposés, reprend-elle, comme ce violon et ces chaînes, pour montrer que "la vie ne se résume pas à travailler ou être esclave".
© Jim Lo Scalzo/EPA/MaxPPP
L'exposition témoigne de la diversité de l'activisme durant cette période. Comme ce Noir de 18 ans qui évoque au dos d'une photo sa vie de soldat au Vietnam. En face, un portrait de Mohamed Ali, qui avait refusé de servir dans l'armée. "Cela fait un contrepoint et suggère qu'il n'y a pas une seule façon d'être Noir dans ce pays", résume William Pretzer, un autre commissaire. Le National Museum of African American History & Culture ouvre ses portes samedi 24 septembre à Washington.
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